Des cv's (curriculum vitae), Dieu sait que j'en ai écrit, corrigé et surtout examiné des milliers et des milliers dans ma carrière professionnelle. Principalement du côté de l'employeur. Et quelques plus rares fois, du côté du candidat. Et pourtant, rarement, je ne me considère contente du résultat de son contenu. "On peut toujours mieux". Exigence, lorsque tu nous tiens...
Et néanmoins, aujourd 'hui, j'ai commencé à rédiger un cv un peu particulier. Un cv que je ne pensais jamais parvenir à écrire, ni à honorer. Parce que cela me semblait trop loin, trop difficile, trop improbable, réservé aux pros et à mes rêves Et pourtant, aujourd'hui, je peux honnêtement écrire les toutes premières lignes de ce parcours de vie distinct, à savoir : mon cv nautique.
Chiffre d'Or
Non, je ne peux pas encore me targuer d'avoir franchi les chiffres magiques des 5.000, ni des 7.000, ni encore moins des 10.000 milles nautiques à la voile. Ni le temps, ni le navire, ni l'argent, et les contraintes de mon environnement font inlassablement de moi un amateur. Mais, je m'y attèle. Je ne compte encore qu'un malheureux 3.300 milles nautiques environ, à mon compteur depuis que j'ai réellement débuté la voile, il n'y a encore que quelques années à peine. Tout a débuté par quelques ronds dans l'eau au large des côtes belges. Ensuite le Sud des Pays-Bas plusieurs fois. Alors le Sud de l'Angleterre à quelques reprises. Puis, la Sardaigne, Majorque, Bergen et le Hardanger norvégien, la Turquie, la Croatie. Et entre-temps, il y a eu ce fameux tour de l'Ile de Wight pour participer à la formidable Round The Island Race. Et puis, cet été, le chiffre magique des 1.000 milles pour traverser en une seule navigation avec succès un tiers de l'océan atlantique au départ des Açores vers l'Espagne, après un premier essai infructueux au printemps en raison d'une météo excessive... Et dans quelques semaines, suivront encore quelques centaines de milles de plus pour découvrir les volcans des îles éoliennes.
Mais, les distances ne font pas nécessairement le marin. On peut avoir parcouru de longues distances sans rencontrer de réelles difficultés. Je pourrais sortir tous les WE faire le même rond dans l'eau au large de mon port d'attache sur le même navire, sans beaucoup de variation dans les plaisirs ni les découvertes. Ou encore parcourir 2.000 milles nautiques dans une mer parfaitement calme sans réelles surprises (quoique à y réfléchir... ).
© Photos - Rêvesdemarins
Pochette Surprise
Ce qui fait le marin, à mon sens du moins, c'est l'aventure. La variété. L'imprévu. Et sa capacité à y répondre, à s'y adapter. La difficulté (et le plaisir), c'est également de découvrir une nouvelle mer, un autre type d'embarcation, un autre équipage et de nouveaux défis. Et se réinventer à chaque fois que l'on largue les amarres. C'est pouvoir anticiper les nouveaux obstacles et trouver sans cesse une solution pour les franchir. Et ces derniers peuvent être de nature marine, géographique, météorologique, technologique, nautique, mécanique, ou tout simplement médicale, émotionnelle ou sociale. Et l'adaptation, j'aime, car elle me fait me dépasser à chaque fois ! (J'ai même tenté celle au mal de mer).
Monter sur un navire, c'est un peu comme ouvrir une pochette surprise...
J'admire ces marins qui passent d'un type de navire à l'autre sans sourciller. Un peu comme on passe d'une Deux-Chevaux à une Lamborghini, en s'arrêtant parfois pour apprécier la mécanique d'un Old-Timer. D'un vieux gréement à un catamaran de croisère, en revenant sur un quillard de compétition et appréciant les charmes d'un laser ou d'un Viper. Je laisse trimarans géants et foilers dans une catégorie à part, ces derniers représentant un autre savoir-faire et jouant dans une toute autre ligue : celle de la formule 1.
On apprend de la diversité et des types d'accastillage, voiles et navires. Et des marins... Des bons et des moins bons ! Et les vrais marins, sont ceux qui trouvent rapidement leurs marques dans un nouvel environnement, même relativement différent de ceux auxquels ils sont habitués. Ceux qui réfléchissent à la logique du navire et en comprennent rapidement son fonctionnement. Ceux qui s'amusent de ce défi. Je les envie souvent. Chaque nouvel environnement constitue un pari pour moi. Mais, à chaque nouveau navire, j'apprends aussi : manoeuvres, matériel, prévisions, ajustement des voiles, navigation de nuit, électronique, instruments de navigation, cuisine (si, si, parvenir à cuisiner à bord dans la houle s'avère parfois un réel défi ! ), organisation interne, règles du capitaine, infirmerie... Bref, je ne m'ennuie jamais.
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Sens Marin
Le fameux "sens marin" peut-il être inné ? Qui sait. Une chose est certaine, c'est que l'expérience ne peut que faire du bien et aider à l'acquérir. Plus on a connu de situations différentes, au mieux l'on est préparé pour affronter les suivantes et éviter les erreurs du passé. Et plus l'expérience est large à travers les membres d'équipage, plus on a de chances de trouver comment aborder l'inconnu. Sans oublier, bien entendu, une traversée bien préparée, stricte sur les règles et matériel de sécurité, un bon briefing de l'équipage, du bon sens et de la prudence. Une bonne recette pour une navigation sans (trop de) soucis. Et il m'en reste beaucoup à acquérir, de ce bon sens marin ! Heureusement, mes compagnons de voile font souvent preuve d'une grande patience et de beaucoup de compréhension. Merci à eux !
Si mon Curriculum Marae est encore loin d'être prêt pour retenir l'attention des véritables loups de mer, je suis heureuse d'avoir commencé à le remplir... L'occasion de prévoir une longue liste de nouveaux projets de voyages à réaliser. Et rêver, c'est se sentir vivant, n'est-ce pas ?
Je vous souhaite un agréable dimanche à tous.
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AuteurArchives
August 2023
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