Je retombe sur de vieilles photographies noir et blanc de mes grands-parents. Et plus en particulier de mon grand-père en uniforme d'officier. Impossible d'oublier ceux-là qui ont pris la mer un jour, pour venir à notre secours, nous des inconnus de l'autre côté de l'eau. Et puis, surtout, l'immense gratitude que le Destin à cette époque, ait préservé ma famille. Alors, pourquoi pas un billet pour que l'histoire change et que l'avenir soit plus serein, plus bleu, plus couleur du Paficique.
“Mon doux, mon tendre...
Tu es parti au front... Voici des mois et des années que tu es parti dans ce pays qui n’est pas le tien. Pour te battre contre un ennemi lointain des hommes et pourtant si proche de toi, avec des armes que tu n’as pas choisies, même si tu as accepté de les porter. Sous les ordres de généraux au bel uniforme immaculé bardés de décorations, inconnus au bataillon et que tu n'entrevois que rarement sur le champ de bataille. De tes tranchées, de ton navire précaire, tu ne sens que la pluie, le vent, le froid, le gel, la boue, la désolation et la souffrance. Jour après jour. Je t’écris. Chaque jour. Inlassablement. Dans ma tête, dans mon cœur. Et mes lettres ne semblent jamais t’atteindre. Ou tu ne les lis pas. Par peur de savoir que tu ne pourras jamais revenir vers moi. Par manque de temps, par manque de moi, qui sait... Par besoin de te protéger, par besoin de ne pas gaspiller ta précieuse énergie à lutter pour ta vie à chaque instant. “
© Photos - www.virginielimbourg.be
(...) Blessent mon cœur d’une langueur monotone... (....) (Chanson d’Automne, Paul Verlaine)
Il y a quasi trois quarts de siècle, notre monde a été préservé grâce à l’effort de ces locaux, ces étrangers, ces civils et ces professionnels. Ces jeunes, ces vieux, ces parents, ces jeunes adultes. La folie destructrice de quelques uns face à la volonté réunificatrice d’autres. Oui, je compte des G. I. dans ma famille, venus de l’autre côté de l’océan en Europe, sans hésitation pour se battre pour la paix mondiale. Certains ont découvert l’amour de leur vie en Europe... Et depuis ma famille compte une branche américaine - très attachée à ses origines européennes - et dont je suis heureuse. Il y a presque 75 ans, plus de 156.000 hommes traversaient l’Altlantique pour rejoindre les côtes normandes dans ce but. Une entière génération de jeunes Canadiens, entre autres, a pris la mer pour mener un combat qui n’était ni le leur, ni destiné à leur propre patrie, mais pour la paix universelle et contre la folie destructrice du durcissement populiste et du national-socialisme. Et nous ne pouvons que leur en être reconnaissants.
Oui, j’ai personnellement vécu en Allemagne et y compte des vrais amis malgré son histoire malheureuse d’un mouvement radical. Oui, les hommes commettent des graves fautes, mais je crois en leur capacité d’en apprendre les erreurs et les risques pour l’avenir. Et je refuse de cesser de croire en l’humanité.
© Photos - Rêves de Marins & Wikipedia
Marée noire
Il y a deux sujets qui perdent fréquemment mon attention dans l’actualité : le sport (à l’exception de la voile, bien évidemment et quelques rares autres disciplines) et... la politique. Si ce dernier sujet me désespère souvent par ses jeux de pouvoir, il demeure certainement important à mes yeux par intérêt sociétaire.
« Elle s’avance. Peu à peu. Au départ à peine visible. Juste quelques taches éparses ici et le long des bords. Un reflet huilé à peine. »
Le Bleu : ma couleur de l’espoir... Rien à voir avec celle d’un parti ou d’une idéologie dans ce billet. Mais tout simplement celle de mon espoir personnel : celui que les hommes retrouvent la mémoire du passé, de leurs erreurs, des guerres passées, de leurs bonheurs. La mémoire de notre richesse culturelle, de notre diversité.
Mes amours, mes amis, mes parents, ma famille sont la preuve même de cette diversité. Qu’ils soient originaires des Ardennes, de Flandre, de Bruxelles ou des cantons de l’Est. Qu‘ils soient d’ici ou d’ailleurs où le drapeau porte d’autres couleurs et la langue est diverse. Que leur peau soit rose, noire, caramel ou jaune. Qu’ils prient Vishnu, célèbrent Pâques, respectent le Sabbat ou le Ramadan ou vénèrent Buddha. Que leurs avis soient bleus, verts, rouges, oranges ou blancs. Peu m’importe s’ils traitent les autres avec respect, ouverture, empathie, gentillesse et générosité. Je ne souhaite que la tolérance et la paix.
Les dernières instigations politiques mondiales et dans mon propre pays m’inquiètent. Cette "marée noire" grandissante et rampante, me préoccupe. Si j’ai eu du mal à trouver un parti idéal pour lequel choisir (car nombre d’entre eux comptent des sujets qui me touchent), je ne peux me résoudre à accepter le scrutin final qui divise la nation que j’aime. J’aime mon pays. Mais je me sens citoyenne du monde. Le régionalisme, le nationalisme, le racisme, l ‘égo-centrisme. Je ne peux me résoudre à réduire mon monde à une minorité, à quelques centaines de kilomètres carrés. Je ne peux me résoudre à accepter des idées radicales. Je ne peux me résoudre à jouer la carte du moi avant tout, du populisme et du protectionnisme. Dans mon métier, les relations sociales jouent un rôle important. Mais, oh combien trop souvent à mon goût le signe d’un repli sur soi, d’une exclusion des autres et d’un oubli de l’objectivité et du réalisme. On ne peut rien sans les autres. On ne peut rien sans faire de sacrifices. On ne peut rien sans tolérance. Et surtout... On n'a pas le droit d'oublier les leçons du passé. Et les résultats des dernières élections semblent avoir fait table rase de notre mémoire...
La marée noire débute toujours par quelques gouttes, quelques flaques, discrètes et imperceptibles. Mais, une fois la mer contaminée, elle ne peut plus se défendre. Et sa lente contagion se poursuit, insidieusement, irrémédiablement.
Pour que le sacrifice de ces milliers de jeunes soldats ou victimes de la guerre n’ait pas été en vain... Pour que nous puissions encore nous regarder dans le miroir sans honte. Pour que ce monde n’ait pas évolué vers sa décadence... J’espère de tout cœur que notre petit monde va se décider à faire demi tour dans son égoïsme et reprendre conscience que nous ne sommes rien sans les autres... Même si la vie commune, dans une société demande, elle aussi de nombreuses concessions. Le divorce est une option devenue trop facile. Je la refuse car tout couple a droit à plusieurs chances malgré ses crises. Et j'y crois profondément.
Sur ces quelques réflexions, je vous invite à découvrir le travail d'une merveilleuse photographe, dont l'oeuvre se consacre à la défense et la découverte de causes profondément humaines : www.virginielimbourg.be. Et je vous souhaite un excellent dimanche, empli de tolérance et d‘ouverture.
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August 2023
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