Amnesia

J’apprends et puis j’oublie. Que ce soit au professionnel ou au privé, mon esprit efface inlassablement ce que je ne pratique plus au jour le jour. Les langues, les connaissances, les techniques, les règles, les noms… Les gestes qui ne sont pas encore ancrés dans ma peau comme un ADN. Un peu comme s’ils avaient ce besoin impératif d’être caressés quotidiennement pour se laisser apprivoiser. Une des rares choses qu'on oublie rarement (heureusement) sont les gens. Mais tout le reste semble tellement éphémère dans nos mémoires.

Plus les mois sans la mer et la navigation me semblent loin, plus le sentiment se renforce de ne plus rien savoir, d’avoir tout oublié. Serai-je encore capable de manœuvrer et de sentir le vent ? Pourrai-je encore me réhabituer au roulis et lire les vagues ? Ma mémoire et mes bras me trahiront-t-ils lorsque je remonterai enfin à bord ? L’âge, la fatigue du temps, la lassitude du corps et les mois d’abstinence de l’eau jouent au yoyo sur mon esprit. Un marin oublie-t-il jamais ce qu’est la mer ?

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Le temps passe…

Les souvenirs se fanent doucement. Tels des photos qui s’estompent
Le passé s’évanouit lentement. La mémoire régresse dans l’ombre
Comme le doré d’un regard qui s’assombrit
Comme la douceur d’un espoir qui faiblit

Envolées les belles idées. Effacées les grandes théories
Oubliés les règles et les théorèmes étudiés
Évaporés les pratiques et les gestes tant répétés
Tout un monde vécu jadis parti en fumée

Les années et les saisons avancent sans attendre
Les vagues et les vents nous devancent sans se rendre
La souvenance s’affole face au temps qui recule
La réminiscence s’étiole dans les heures incrédules

J’apprends et puis j’oublie…
Et plus j’en sais, moins je retiens
À chaque nouveau jour, un mot qui se supprime
À tout autre défi, un acquis qu’on réprime

Les images et les phrases paraissent plus floues
Tout ce savoir qui se noie dans les remous
Et s’installe alors le grand méchant doute
Celui de soi, celui des autres et de ses capacités

Qui suis-je encore ? Passé ou devenir ?
Amnésie, lorsque tu nous fais frémir
Seras-tu là un jour, ou dix ou cent ?
Ou nous rendras-tu nos souvenirs d’antan ?

Commes les fleurs de printemps, troublantes de beauté
Qui ne durent qu’un instant, mais pour l’éternité
Et qui chaque an nous reviennent, malgré l’hiver glacé
Et nos mémoires ravivent, tremblantes de vérité

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La voile est-elle donc comme la bicyclette ? Tant d’interrogations en attendant impatiemment de pouvoir enfin reprendre la mer… Alors, je vous souhaite un excellent dimanche, sans trop de trous de mémoire !

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