Après un passage par la Normandie, direction la Bretagne Nord, enfin...
Après les merveilles du Mont St Michel, je n'avais qu'une envie: filer vers l'ouest, rallier la mer et la ville dont j'avais entendu tant de louages d'amis voileux et qui personnifie la Bretagne dans mes rêves... La sublime, l'envoûtante, l'unique: Saint Malo.
Première étape par Cancale, histoire d'aperçevoir une fois encore à l'horizon le Mont Saint Michel. Une petite pause dans un sympathique petit bar pour y déguster un plateau d'huîtres locales (impossible d'y couper) provenant directement du marché à cent mètres de là, au pied du phare.
Sur la grève, des dizaines de bateaux semblant attendre que la mer revienne. Des embarcations mises à nu, des voiliers en petite tenue, des barques déshabillées, mettant en valeur leurs dessous de couleurs vives: un vrai spectacle de strip-tease. Les marées sont tellement puissantes dans cette région que les navires passent la moitié de leur journée à faire bronzette intégrale sur la plage, dans leur plus simple appareil. J'avoue sans honte ne pas avoir été insensible à leur charme particulier. Et je me suis allègrement laissée aller à un peu de voyeurisme...
Nous arrivons enfin aux environs de Saint Malo. Et c'est le coup de foudre immédiat...
Le quartier de Rothéneuf et sa banlieue avec ses maisons typiques: stylées, charmantes, élégantes. Puis son incroyable baie, ses vieux remparts, renforcés d'une forêt de bois le long de l'eau, pour répondre aux assauts des vagues et de ses marées légendaires. Une vue imprenable sur l'océan... Je ne peux que m'imaginer ce que cela doit être lors des grandes marées: les remous marins escaladant ses remparts, dépassant les brises-lames, allant littéralement lécher les façades des maisons de six étages sur la digue jusqu'à leur grenier. Sans aucun doute, sur ma liste de prochains projets: Saint Malo durant les grandes marées (il faudra que je pense à emmener ma combinaison de femme-grenouille!).
Saint Malo, ville de Corsaires... Et tout comme ses illustres personnages, cette cité m'a littéralement ravie, au sens le plus pur du terme.
La découverte de ses bassins et des incroyables navires qui y ont élu domicile: l'Etoile du Roy, l'Etoile Molène, l'Etoile de France, le Narval, le Renard... sans oublier notre Kriter V! Des trois -mâts, des cotres à huniers, des sardiniers... D'ailleurs le Renard est la réplique du dernier navire armé du célèbre corsaire malouin Robert Charles Surcouf (1773 - 1827). Un retour dans le passé des corsaires. D'ailleurs connaissez-vous la différence entre entre un pirate et un corsaire? Un pirate pille en agissant pour son propre compte. Un corsaire, par contre, agit sur ordre et pour le compte du roi (sans oublier de prélever son dû d'abord, bien entendu...). Ils devaient compter parmi leurs ancêtres un certain Claudius Malosinus (voyons ici quels sont mes lecteurs qui connaissent vraiment leurs classiques... ).
Après une casserole de moules spéciales à la vodka (si, si, délicieux!) dans un excellent petit restaurant tenu par un local et son oiseau des îles (super adresse! Merci Michel!), quoi de mieux qu'une sortie en mer sur un de ces vieux gréments d'exception... Nous voici donc embarqués sur "La Charlotte", une réplique fidèle d’une Vaquelotte, voilier traditionnel de pêche, aux voiles couleurs de lie de vin et lin. Une mer houleuse après une nuit chahutée, charriée par un vent violent qui ne nous permet pas de lancer toute la toile. Mais quelques heures de bonheur en mer tout de même aux alentours de St Malo.
La cité malouine fut aussi le berceau de nombreux grands explorateurs. Ces marins qui bravèrent les flots glacés pour découvrir des territoires sauvages: Jacques Cartier et le Canada, Jacques Gouin de Beauchesne, découvreur des îles Malouines en 1701, premier navigateur à doubler le Cap Horn d’ouest, Jean-Baptiste Charcot, explorateur polaire et bien d'autres encore...
Des forts qu'on ne peut atteindre que par marée basse. Des canons pointés sur l'horizon. Des églises aux vitraux fabuleux. Une vue imprenable sur l'Atlantique. Des voiliers partout. Une ville, si toutefois relativement touristique, ayant su garder un charme particulier. Des Malouins hospitaliers et on ne peut plus agréables. Bref: une envie soudaine de déménager à St Malo...
En parlant de Forts: connaissez-vous le Fort du Petit Bé? La légende raconte que, mise à mal par les corsaires malouins, la flotte anglaise a une revanche à prendre sur Saint Malo. Dans ce dessein, Guillaume III d'Orange imagine en 1693 un stratagème diabolique, plus connu sous le nom de "Machine infernale". Il affrète un navire gorgé de bombes, munitions et mitraille, affichant pavillon français, sensée aller exploser sur la cité bretonne. Mais au moment fatidique, le navire portant la fameuse machine s'échoue sur des rochers avant d'atteindre son but, sauvant ainsi la ville d'une destruction totale. Seule victime de cette tentative ratée d'attaque: un pauvre chat, qui eut droit à des obsèques dignes d'un roi de la part des Malouins.
Alors, si un jour vous désirez découvrir la Bretagne... Pensez à ce billet et souvenez-vous de Saint Malo... Allez-y donc voir la mer et faites un voeu...
Ici se termine la trilogie des billets de mon Rêve Armoricain. Deux coups de foudre (St Malo et Rouen) en une petite semaine, c'est inespéré... Bien entendu, je pourrais encore vous parler du joli petit port en carré de Honfleur, de la mélodie marine contre les falaises d'Etretat et encore de bien d'autres endroits qui m'ont plu. Et comme je n'ai encore vu qu'une infime partie de l'Armorique, il faudra inévitablement que j'y retourne pour découvrir le reste de cette région fabuleuse! Et qui sait, serez-vous alors peut-être aussi de la partie! Bonne fin de week end!
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AuteurArchives
August 2023
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