Et si nous poursuivions notre pèlerinage nordique ce dimanche? Je vous emmène visiter une rue de Copenhague pas comme les autres : la rue des Crocodiles.
Nyboder
Nous sommes au XVIIe siècle, sous le règne du roi Christian IV. La marine royale danoise se développe rapidement. Et le besoin se fait pressant de pourvoir d’un logement le personnel de la marine et leurs familles. La construction initiale de ces rangées de maisons à un étage, avec des rues pavées entre les deux, commence en 1631 et se termine en 1641. Les rangées de maisons sont initialement rouges et blanches mais sont à ce jour couleur « jaune Nyboder ». Il y a ensuite une nouvelle expansion du quartier dans la seconde moitié du 18ème siècle avec la construction de plusieurs rangées de maisons à 2 étages et la conversion de certaines des maisons d'origine à un étage en maisons à 2 étages. Aujourd'hui, des militaires et des civils vivent dans ces rangées de maisons. Le confort et les facilités logisitiques y sont sommaires et les maisonnettes semblent faites pour des poupées. Elles forment un ensemble cohérent et typique valant la peine d'un petit coup de pouce, ce pourquoi la ville a entrepris de rénover ces habitations. Mais elles ne sont plus à l’usage exclusif de la marine. La ville de Copenhague est riche en références à la mer et aux marins. Le quartier de Nyboder en est une des nombreuses que j’ai découverte à deux pas de mon bureau.
© Photos – Rêvesdemarins
Hyldemoer
L’endroit, près du grand canal, est tout à fait charmant. Un village dans une capitale. L’église Saint Paul toute proche est bordée de petits parcs et d’une place aux allures de campagne. La quiétude dorée du petit matin. Le soleil flavescent joue sur les façades aux teintes ambrées. Une de mes collègues a eu l’idée formidable de m’y emmener pour une réunion petit-déjeûner sur une terrasse au soleil dans ces ruelles ocrées pour un café et une de ces délicieuses pâtisseries à la cannelle dont seuls les Scandinaves ont le secret. Quoi de mieux pour débuter ma journée?
Dans le conte de fées de Hans Christian Andersen “la Fée du Sureau” (The Elder-Tree Mother, en référence à Hyldemoer, la gardienne des vieux arbres dans les mythologies scandinave et britannique), un vieil homme raconte à un garçon malade une histoire qui ouvre « un grand arbre en fleurs exactement comme celui qui se trouve à Nyboder. Près d’un arbre, deux personnes âgées étaient assises un après-midi sous le soleil éclatant. C'était un vieux marin et sa très vieille femme...". Les vieux arbres étaient abondants dans la région autour de Nyboder, ce qui a donné lieu à certaines superstitions. Si le conte vous tente, en voici le récit via le lien suivant. https://bibliotheque.fondationorange.com/Products/Read/Index/290945.
Ariel
Bon, il serait impensable de séjourner dans la capitale danoise sans passer y faire une visite de courtoisie à Ariel sur son rocher. Pas mal situé son caillou d’ailleurs : juste à côté de la menue marina moderne (devinez qui y était en premier ;-)). Une balade au coucher du soleil juste à temps pour apercevoir le rosé du crépuscule baigner de sa douceur la petite sirène au regard nostalgique de son beau prince terrien. Qu’il est bon de flâner le long de l’eau et des quais pour se changer les idées. Et quoiqu’on puisse en dire, notre jolie sirène n’est pas si petite tout compte fait (au vu de mes propres critères de mesure, du moins)… Bref, un moment qui fait du bien. Quoi de mieux pour terminer mon séjour…
Et qu’en est-il de ce qui concerne les crocodiles, me direz-vous? Bien, je n’en ai pas vu, ni dans leur rue, ni dans l’eau. Mais peut-être sont-ils la véritable raison pour laquelle la petite sirène reste bien à l’abri hors de l’eau son rocher… ?
Je vous souhaite un excellent dimanche.
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Nous repartons à Copenhague ce dimanche, pour une petite visite d’un des plus jolis quais le long de l’eau que la ville ait à offrir. Je vous emmène à Nyhavn.
Nyhavn - "nouveau port"
Du danois prononcé [nu hɑwn] (hé non… Rien ne se dit comme on l’écrit dans cette langue ! ). Construit et creusé dans les années 1670 à 1673, le canal de Nyhavn était une passerelle vers la mer de la vieille ville intérieure de Copenhague à la Place Royale. Il servait principalement aux navires cargos et aux pêcheurs, connu pour ses bières, ses marins et ses maisons de plaisir. Le petit canal intérieur fut ensuite repris pour le trafic de marchandises des petits vaisseaux danois interne jusqu’aux années post WWII. Les navires désertèrent bientôt l’endroit et les quais colorés furent alors reconvertis en port historique, pour le plus grand plaisir des touristes.
Ses maisons bigarrées de bois datent du XVIIe et XVIIIe siècle. La plus ancienne remonte à 1681. Chacune d’entre elle porte son histoire bien à elle. Et j’ai l’incroyable chance d’avoir un équipier au travail qui y a passé quelques années. Cette semaine, il m’a donc emmenée y faire un tour le soir pour une mini visite guidée privée, anecdotes en prime. Les bâtiments sortant tout droit d’un conte de Hans Christian Andersen (qui a vécu au nr 18 du même quai), sont bordées d’une flotte de vieux gréements en bois le long desquels je ne me lasse pas de flâner malgré les touristes. Y sont notamment amarrés le Svalan, le Anna Møller, le Mari (navire de contrebande), le XVII Gedser Rev (navire musée) ainsi que le Bådteatret (navire théâtre). Le port compte également quelques grands navires à voile, comme le Halmø, le Mira (ketch convoyeur de craie) ou encore le Lilla Dan, à bord desquels j’ai bien l’intention d’embarquer pour une balade le jour où mes activités professionnelles me laisseront quelques heures de répit pour y tirer un ou deux bords sur les eaux danoises.
© Photos – Rêvesdemarins
La mer touche au plus profond de l'homme. Dans la lumière du soleil, n'est-elle pas le miroir de l'âme humaine ? (Philippe Poisson)
Les reflets de l’eau prennent parfois des airs de tableaux impressionnistes, abstraits voire même cubistes. Les images s’inversent, méandrent, se torsadent et ondulent. Les teintes des objets reflétés par l’eau se mélangent à la lumière pour ainsi faire naître une réalité nouvelle, quelque peu distordue, leur donnant une toute autre dimension.
Nyhavn by night
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme dans le déroulement infini de sa lâme. (Charles Baudelaire)
La nuit, le quai se transfigure en kaléidoscope de lumière : fenêtres illuminées des ombres des vieilles maisons, terrasses multicolores, centaines de petits drapeaux, enseignes colorées des établissements d’où s’échappe une ambiance chaleureuse et enjouée au son des musiciens des rues, des chopes qui trinquent et des rires, feux incandescents des navires et hublots aux tons diaphanes. De quoi rendre jaloux les pointillistes les plus avant-gardistes. Un festival de teintes et de formes plus ondulantes les unes que les autres. Bref, de jour comme de nuit : j’aime.
© Photos – Rêvesdemarins
Toujours pas envie de me rejoindre découvrir le quai du miroir et la capitale danoise après ces quelques images inversées ? Je vous souhaite à tous une excellente semaine.
Je vous emmène au pays de la petite sirène ce week-end. Nous partons pour Copenhague pour un petit billet amuse-bouche à propos de la capitale danoise. Juste histoire de vous mettre en appétit et de vous donner envie de la découvrir à travers quelques images avant de vous en parler plus en détails dans un billet suivant.
Enfin…
Quinze ans d’absence. Quinze ans d’attente. Une éternité. Mais le temps n’a rien changé au plaisir de revenir enfin dans cette ville que j’aime tant. Je l’ai retrouvée avec autant de plaisir que les premières années. Pour le travail, avec ceux qui m’avaient jadis fait découvrir cette petite merveille nordique. Mon certificat de vaccination covid ayant obtenu sa validité ce 1er juillet, j’ai donc pris le premier avion pour enfin rencontrer ou revoir les collègues de travail avec qui je converse par téléphone ou vidéoconférence depuis de nombreux mois. Un aller-retour furtif mais un voyage tout de même ! Un agenda bourré de réunions et de discussions mais quelques moments volés au temps pour quelques images-souvenirs dans le quartier de mon séjour.
"To travel or not travel, that is the question... " (Hamlet revisited in times of covid, William Shakespeare)
Poisson au menu. Lampiottes et bougies chaleureuses (même à la table de petit déjeuner ! ). Maisons de bois peint. Larges fenêtres à croisillons. Des vélos à revendre. Un amour pour l’écologie et proche de la nature. Un art de vivre « hyggelig » (chaleureusement). Un bon verre. Une manière de communiquer très directe, un peu dure parfois, mais authentique et ouverte, constructive. Et puis, de l’eau, la mer et des bateaux ! Mon bureau se situe à 200m du port :-). De quoi oublier les longues journées de travail et les discussions compliquées. Bref, un havre de petits bonheurs le temps d’un bref business trip. Même la langue de Hamlet m’a semblée douce à me remémorer (même si j’ai eu besoin de quelques copions pour retrouver mes mots le temps d’un discours aux employés locaux ;-). Rien de tel que la pratique pour recouvrer ses esprits. Bref, un séjour court mais bon.
"Brevity is the soul of wit. " (Hamlet, William Shakespeare)
Prochaines retrouvailles avec Copenhague et le pays de Hamlet début août. Et je compte bien aller visiter ma copine sur son rocher au bord de l’eau ainsi que passer un peu plus de temps en balade dans cette cité qui me charme tant.
Au plaisir de vous en parler un peu plus longuement le mois prochain ! Un excellent dimanche à tous.
Et si mettions un brin de folie dans nos vies ce dimanche ?
Le Navire de Cocagne
Nous sommes en 1494 en Alsace. Sebastian Brant, un humaniste et poète strasbourgeois publie "la Nef des Fous" ("das Narrenschiff"), un ouvrage critique de la faiblesse et de la folie de ses contemporains. Cette métaphore nautique recense divers types de folie, brossant le tableau de la condition humaine, sur un ton satirique et moralisateur. Dans le récit, le navire emporte dans sa cargaison nombre d'imbéciles, flatteurs, joueurs, faiseurs de ragots, paresseux et gourmands. Il y annonce que "le bateau va, simplement, vers son naufrage". Une oeuvre critique et pessimiste, mais qui connaît immédiatement un succès... fou. Elle sera ainsi illustrée par des gravures en bois représentant les diverses sortes de fous à bord : le bibliomane, l'avaricieux, l'usurier, le voyageur, celui qui s'adonne trop à la danse, le fou de luxure, le fou de la goinfrerie et beuverie, etc.
La métaphore de la barque et de la folie de son équipage se retrouve dès le Moyen-Âge, comme notamment dans "la Barque bleue" ("de blauwe schuit") de Jacques van Oestvoren.
En 1509, Erasme de Rotterdam, écrira à son tour "l'Eloge de la Folie". On considère d'ailleurs que c'est l'une des œuvres qui ont eu le plus d'influence sur la littérature du monde occidental et qu'elle a été un des catalyseurs de la Réforme protestante. Il sera suivi en 1516 par Thomas Moore, humaniste et écrivain britannique, et son "Utopie" ("Utopiae" du grec οὐ-τόπος "en aucun lieu"), un récit de voyage vers une lointaine et mythique île imaginaire, représentant une société idéale sans défauts.
Le point commun entre ces auteurs de satire sociale : leur oeuvre utilise comme métaphore un navire ou une île peuplée de fous, ou encore une destination imaginaire pour éviter la censure politique ou religieuse. "La folie n'est pas un péché, elle est la loi inévitable de la vie. C'est seulement quand elle se reconnaît et s'accepte elle-même qu'elle peut éviter la pire forme d'aveuglement, qui est de croire à sa propre sagesse". (Bosch, Hans Belting)
© Photos – Wikipedia
La Nef des fous de Brant et l'île de nulle part de Thomas Moor trouvent aussi leur pendant pictural dans l'oeuvre du célèbre peintre Hieronymus Bosch et sa vision d'une humanité paradisiaque dans son 'jardin des délices". Si vous passez au Louvre à Paris, allez donc admirer sa version en images de la "Nef des Fous" dans son triptyque. Se trouvent dans sa version de la nef, des hommes assez insensés pour s'embarquer sur un navire sans voile ni gouvernail, avec pour toute vergue un mât de cocagne où, trop occupés par leurs plaisirs, les deux nautiers abandonnent leur louche énorme qui pourrait faire office de rame ou de godille . Ces hommes et ces femmes embarqués ensemble ne vont nulle part, ils ne s'en rendent pas compte et ne s'en soucient en rien. Le peintre y critique les mœurs dissolues du clergé et la débauche cédant aux vices. Hieronymus Bosch... dont nombre diront qu'il n'avait pas vraiment toute sa tête pour imaginer des créatures aussi fantasmagoriques... Mais les grands artistes n'ont-ils pas souvent été accusés de folie (Van Gogh, Dali, Claudel, Hemingway, Rimbaud, Maupassant, Baudelaire... ). "Génie" rime-t-il donc avec "folie" ?
© Photos – Wikipedia & Bosch, Le Jardin des Délices, Hans Belting (edition Gallimard 2005)
L'île des fous
Cependant, la folie n'existe pas que dans l'imagination des auteurs du XVIe siècle... L'île des fous a réellement existé : l'île de San Servolo. Elle se trouvait à Venise, entre la place Saint-Marc et le Lido. Ayant d’abord accueilli un monastère bénédictin, elle a ensuite abrité un hôpital militaire avant de recueillir les aliénés de Venise à partir de l’époque napoléonienne. L’ île a ensuite été transformée en un centre universitaire international et abrite le musée de l’hôpital psychiatrique de San Servolo. Une île isolée de la réalité du monde, à l'abri des raisons, tout comme le premier lazaret créé lui aussi sur une des îles de la lagune, pour y séparer les malades des bien portants.
Folie en mer
La mer entretient un lien tout particulier avec la folie... De longues périodes en navigation ou sur une île déserte a de quoi faire chavirer les esprits les plus forts. Chaleur, déshydratation, hallucinations, manque de sommeil, fatigue extrême, solitude, désespoir, peur. Tous les navigateurs solitaires, à un moment ou un autre, doivent se demander s'ils ne sont pas en train de perdre la tête.
"La Mer rend fou... Parfois, je me demande si ces images ou souvenirs ne sont que le fruit de mon imagination tant leur réalité me semble intense."
Je vous conseille vivement trois excellents romans qui traitent de la folie en mer, et qui vous tiendront en haleine jusqu'à la toute dernière page !
Et puis, après tout, la folie ne fait-elle pas toujours un peu partie de nos vies? Ces moments forts qui nous font brièvement oublier nos raisons, pour retrouver ensuite nos sens. Quelques instants de folie sur la nef des fous qui nous font nous sentir vivre un peu plus intensément, décuple nos forces ou nos émotions, en mer ou ailleurs (sans pour cela nous coûter une oreille... ). Et nous donne des souvenirs à raconter aux gens "sages" et sains d'esprit ;-), une fois de retour sur la terre ferme.
Alors, je vous souhaite un dimanche un peu fou (juste pas trop) !
Et si nous partions de l’autre côté de la Manche ce WE ? Je vous emmène à un des endroits historiques de l’empire britannique, près de Londres, pour une visite pas comme les autres. Si nombre d’entre vous ont développé une allergie aux hôpitaux pour y avoir passé trop de temps à leur goût, je vous promets que celui que nous allons visiter ce dimanche ne vous laissera pas de mauvais souvenirs. Je vous emmène à l’Hôpital Royal des Marins de Greenwich.
Un des bijoux de la couronne
Greenwich. 51° 29′ 01,2″ N, 0° 00′ 21,4″. Nous sommes dans les dernières années du XVIIe siècle. Un architecte britannique nommé Christopher Wren est commissionné par la reine Mary II pour la construction d’ un nouveau chef d’œuvre : l’ ensemble de Greenwich. Wren est un polymathe, astronome, anatomiste, mathématicien, physicien et artiste en plus de ses talents d’architecte. Après la cathédrale St Paul et de très nombreuses autres églises, Wren participe à la reconstruction de Londres après le grand incendie. Il débute ainsi la création de l’Observatoire Royal de Greenwich ainsi que de l’Hôpital Royal de la Marine. Les deux bâtiments seront plus tard nommés patrimoines de l’UNESCO.
L’Hôpital naval est conçu dans un but charitable pour l’accueil de membres de la marine royale britannique invalides ou en fin de carrière. Une maison de repos pour vétérans de la mer en quelque sorte. Dans cet esprit, Wren propose ses services gracieusement pour cet ouvrage. La taille et la magnificence de l'ensemble sont sensés représenter la puissance maritime de l’empire britannique.
Pension pour vétérans de la mer
A cette époque, de nombreux marins souffrent de carences alimentaires et sont invalides des suites de fortunes de mer ou de batailles navales (A l'époque, il était plus aisé d'amputer que de soigner... ). La plupart d'entre eux n’ont pas les moyens financiers pour une vie décente à leur retour à terre et se voient contraints de vivre de l'aumône. La reine Mary II est personnellement touchée par leur situation et décide ainsi de pourvoir à leurs besoins en faisant construire un hospice naval. L'hôpital leur offre ainsi un refuge providentiel pour leurs vieux jours. Ils y reçoivent couvert, repas, divertissements (criquet... ) et même une petite monnaie pour de la bière en échange de menus services tels que celui de remonter les horloges, de servir de guide pour les visiteurs ou encore d’aider en cuisine. La vie y est réglée et réglementée un peu comme sur un navire. Et si leur chambrette n’est pas grande, elle leur permet cependant d’y garder quelques effets personnels dans un espace privatif déjà bien plus vaste que leurs habituels quartiers de bord en mer.
Yet still I am enabled
Chapelle sixtine britannique
L'hôpital renferme un joyau artistique : son grand hall. Richement décoré par James Thornhill, peint en l'honneur du roi William III et de la reine Mary II. J'ai eu l'improbable chance de pouvoir le visiter lors d'une session de rénovation et d'en voir ainsi - au départ des échafaudages des rénovateurs - l'incroyable plafond de vraiment tout près. Ce plafond renferme un grand nombre de références à des instruments de navigation de l'époque, que vous reconnaîtrez peut-être sur les photos ci-après. Jugé trop flamboyant pour servir de réfectoire aux pensionnaires, le grand hall fut finalement utilisé à des fins touristiques.
© Photos – Rêves de Marins
Le grand Lord Nelson fut gardé dans ce hall en 1806, avant que sa dépouille ne soit déplacée pour des funérailles dans la cathédrale St Paul. L'hôpital ferme définitivement ses portes en 1869, les développements sociaux et médicaux ayant rendu ses services obsolètes.
Il se trouve à côté du Musée Maritime de Londres, de la réplique du navire Cutty Sark et de l'Observatoire Royal de Greenwich (trois lieux d'exception dont nous reparlerons d'ailleurs plus en détails dans un billet ultérieur). Un ensemble de bâtiments remarquables qui valent bien d'y passer toute une journée si l'histoire et la marine vous intéressent quelque peu.
Alors, lorsque les méchants virus nous auront enfin laissé tranquilles, peut-être l'occasion d'une petite visite à Londres ? Je vous souhaite un excellent dimanche.
Après les billets sur les cathédrales des mers et de Notre Dame dans ce blog, si nous parlions des cathédrales d'eau ce WE ? Au lieu d'eau salée, c'est l'eau douce qui sera à l'honneur cette fois-ci.
L'eau, l'or transparent
L'eau, une denrée de grande valeur. Si les touaregs et autres peuples du désert en sont de fervents protecteurs, dans nos pays occidentaux, on l'oublie cependant trop souvent de nos jours. Cela dit, nos ancêtres en connaissaient le véritable prix. Ils ont ainsi bâti des merveilles architecturales pour préserver et conserver ce bien précieux.
Les civilisations de l'Antiquité l'avaient compris depuis bien longtemps... L'eau était la richesse par excellence. Il n'est dès lors pas étonnant que les civilisations les plus brillantes aient toujours cherché à s'installer près de la mer, de fleuves ou de sources d'eau. Pas uniquement pour des raisons d'échange commercial, mais tout simplement par souci de survie. Trouver de l'eau, c'est une chose. Mais la transporter et surtout la conserver en est une autre. Les romains, entre autres, ont été particulièrement doués en termes de techniques d'ingéniérie hydraulique : ponts-acqueducs, techniques de captation, adduction, transport, évacuation et purification, citernes et réservoirs... Leur savoir et leus réalisations sont impressionnants. Rome et ses provinces regorgent de trésors où l'eau fut un point central. D'ailleurs, y a-t-il ville au monde où les fontaines sont plus belles qu'à Rome ?
En anecdote, saviez-vous que la célèbre "bocca della verita" de Rome n'était ainsi en réalité au départ probablement qu'une plaque d'égoût ? Elle semble représenter Oceanus, un des dieux titans de la mer et on suppose qu'elle se trouvait au départ dans le temple d'Hercule.
© Photos – Wikipedia,
Merveilles sous-terraines
Mais revenons au sujet de la conservation de l'eau ailleurs qu'à Rome. Trois cités possèdent de véritables joyaux en cette matière.
Le Palais enfoui, Istanbul
La cité des mille et un rêves aux croisées des cultures cache un joyau de plus dans ses entrailles, un palais enfoui : la basilique citerne (Yerebatan Sarnici). Une forêt de trois cents trente six colonnes de marbre décorées. Le réservoir possède une capacité de contenant d'environ 100.000 mètres cubes d'eau. Elle date de l'ère de Justinien Ier (VIe siècle). Quelques colonnes sont ornées en leur base d'une tête de méduse posée de côté. La légende affirme que leur position vient de la volonté d'éviter le regard de la Gorgone. En réalité, on suppose qu'elles ont été posées ainsi en fonction de leur grandeur pour une position plus approriée à la taille de la colonne qu'elles soutiennent. Une ambiance millénaire magique et fraîche dans la torpeur d'une ville qui ne dort jamais.
© Photos – wikipedia
El Jadida (Mazadan), Maroc
El Jadida, en bord de mer. Une ville mauresque conquise par les Portugais au XVIe siècle. Sa forteresse de Mazagan compte parmi l'héritage culturel de l'Unesco. Encore un endroit du monde au croisement des cultures... (ces endroits multi-culturels me fascinent toujours). Cette dernière cache un diamant au fonds de ses sous-terrains : un réservoir d'eau douce. Bien plus humble que celui d'Istanbul, il est vrai : à peine cinq colonnes. Mais là également, l'eau reflète les formes du plafond et de ses voûtes en arcades. Un endroit envoûtant.
© Photos – wikipedia
Enfin... Paris
La ville lumière est magique. Mais en plus de tous ses atouts que vous connaissez probablement déjà, elle recèle une merveille sous-terraine peu connue des touristes : le réservoir d'eau douce de Montsouris dans le XIVe arrondissement. Il s'agit d'une construction de 1873 et toujours en service aujourd'hui comme un des cinqs principaux réservoirs de la cité. Ce réservoir a été réalisé sur d'anciennes carrières et conçu pour éviter aux parisiens de continuer à utiliser l'eau de la Seine, devenue trop polluée pour la consommation. Elle recueille l'eau de pluie ainsi que celle de diverses sources jusqu'à cinquante km de la capitale. Si l'endroit vous tente, vous trouverez plus d'informations sur ce site hors du commun via le lien www.eaudeparis.fr.
© Photos – Huffpost.com, www.eaudeparis.fr
J'avais déjà exploré celui d'Orviéto en Italie, mais ces trois chefs-d'oeuvres d'architecture se trouvent encore sur ma liste de souhaits de visite, ainsi qu'une série d'autres tels que le réservoir du Palais de las Veletas à Cáceres en Espagne ou encore celui de Silves au Portugal. Des sites insolites, mais à la beauté incroyablement attrayante. Et je compte bien un jour les découvrir autrement qu'à travers les photos.
© Photos – www.portugalvisitor.com, www.listarojapatrominio.org, www.italy-travel-vacation.com (de gauche à droite : Silvès, Cáceres, Orvieto)
Alors, si vous vous désolez de la météo pluvieuse ce week end, souvenez-vous que le ciel nous envoie ainsi de l'or liquide... Un excellent dimanche à tous. Prenez bien soin de vous.
Nous partons pour la baie de Naples ce WE. À la recherche d’une autre Pompéi. Engloutie, non pas sous les cendres, mais dans les eaux cristallines au pied du Vésuve, Je vous emmène à à la découverte d’une cité fabuleuse, la somptueuse Baiae, ce dimanche.
La Sodome romaine
Baiae, du grec “Baîos”, le barreur du navire d’Ulysse dans la fameuse odyssée narrée par Homère. Dans la baie de Naples et sa partie ouest du golfe de Pozzuoli, gît une cité fabuleuse sous les eaux limpides de la mer thyrrénienne. Une cité autrefois vénérée des empereurs et des grands de la Rome antique.
La cité se targue de recevoir les faveurs de l'élite (fortunée) de Rome : de Pompée à César, en passant par Auguste, Hadrien, Septime, Sévère, Tibère, Caligula, sans oublier le très célèbre Néron. Tous ont un faible pour cet endroit en bord de mer où tous les luxes et les plaisirs semblaient possibles et permis. Loin de Rome et de ses obligations, cependant avec toute l'opulence, la richesse et le raffinement de la capitale.
Etonnamment, elle ne compte aucun bâtiment public. Pas de temples, ni d'agora. Toutes les constructions sont strictement privées et réservées à de très riches propriétaires. Un Beverly Hills ou Las Vegas romain avant l'heure, en soi. On y trouve absolument tout pour le divertissement : thermes, jardins, terrasses, maisons des plaisirs (avec des hôtesses de standing), banquets, fêtes sur les bateaux et casinos. Une ville de décadence sur 177 hectares de pur délassement. Trois fois la taille de Pompéi. Certaines villas représentent des mini-villes en soi avec des étangs, parfois même comportant un port privé, des viviers, un théâtre et jusqu’à une piscine sous-terraine (dans la villa de l’empereur Claude).
Les demeures y sont richement décorées de marbres, mosaïques et fresques aux couleurs vives (le bleu et le vert sont prédominants, teintes particulièrement chères à la fabrication). Elles dépeignent dauphins, sirènes, monstres et animaux fantastiques. Une ville de rêve.
© Photos – Wikipedia - Moriarti atlasobscura.com
Ville d’intrigues
»What happens in Baiae, Remains in Baiae... »
Tous les grands de Rome viennent prendre villégiature, moments de plaisir et repos à Baiae. C’est également l’endroit idéal pour les complots, intrigues et conspirations. On y trouve ainsi la demeure de Lucius Piso, un riche aristocrate complotant contre l’empereur Néron. Villa que Néron fait naturellement confisquer. Je vous laisse deviner ce qu’il est advenu de son propriétaire...
Nous sommes à la fin de la république romaine et l'empereur Néron, le cinquième et dernier empereur romain des Julii, a succédé à son grand-oncle et père adoptif Claude. Néron a non seulement un égo, une ambition et une soif de pouvoir et de luxure sans fin. Et la cité de Baiae est l’endroit idéal pour ses projets. Sa tante Domitia y possède une villa de rêve en bord de mer que Néron convoite. Il organise l’empoisonnement de sa tante et obtient ainsi sa demeure.
Agrippine, la mère de Néron, y séjourne également. Elle a un rôle prédominant et son pouvoir agaçe son fils. Néron l’invite à un banquet organisé en son honneur. À la fin du repas, Agrippine reprend le bateau. Mais une fois en mer, l’embarcation se démembre. Néron a tout organisé pour qu’on puisse croire à un accident. Sa réputation ne pourrait souffrir qu’on sache qu’il a tenté de faire disparaître sa propre mère. Mais Agrippine est sauvée par des pêcheurs passant par là. Une fois à terre, Les hommes de Néron tuent sa mère. La ville emportera son terrible secret. Une ville de secrets bien gardés.. Enfin, Néron projette de faire construire un route entre Baiae et Puteoli (le port commercial le plus important vers Rome à l’époque). Mais le projet est dantesque et refusé par le Sénat. Ses ambitions de faire de Baiae sa seconde Rome n’aboutira pas...
© Photos – asterix.com
Construite sur un chaudron du diable
La zone locale y est extrêmement volcanique. Pas moins de 24 volcans dans la région. L'activité du magma intense et les secousses sismiques fréquentes. Toute cette effervescence des entrailles de la terre ont également leurs avantages : qui dit activité volcanique, dit sources d'eau chaude. Et donc, l'endroit idéal pour y bâtir des thermes. Et en matière d'eau, les ingénieurs romains n'ont pas leur pareil. Ils y construisent ainsi le plus grand réservoir d’eau douce artificiel du royaume, la piscina mirabilis.
Les stars du mode romain aiment leur poisson frais et très frais ! Ils y font dès lors créer des viviers d’eau salée avec un ingénieux système d’apport d’eau pour éviter que la salinité de l’eau n’augmente avec son évaporation. Pour l’anecdote, ils y pêchent l’huître avec des techniques utilisées jusqu’à aujourd’hui (le long d’une corde). Les chefs cuisiniers y rivalisent de créativité pour satisfaire les besoins de luxure de leurs maîtres et organiser des banquets-orgies sans limites.
On a également découvert à Baiae, des tunnels menant à des parties sous-terraines mystérieuses, où la chaleur devient intenable (dû à l'activité volcanique). On prétend que ces tunnels mèneraient au Styx, le fleuve passage vers l'au-delà...
Mais au fur et à mesure des siècles, la nature prend le dessus... ou plutôt, le dessous.... Sous l’effet de l’activité volcanique - des bradyséismes -, la ville s’affaisse et 50% de la cité basse s’engloutit dans les flots, pour se retrouver ensuite pratiquement complètement submergée. Une invasion maure au VIIIe siècle puis une épidémie de malaria achèvent la destinée tragique de la ville des plaisirs, qui termine sa vie dans les profondeurs bleutées de la mer toute proche.
Puisque la navigation et la mer ne sont pas sur mon programme de cet hiver (vivement 2020... ), pourquoi ne pas vous proposer une promenade, ce WE. Une fois n’est pas coutume. Nul besoin d’aller à l’autre bout du monde pour découvrir des merveilles. Et voilà bien longtemps que je passe chaque jour à côté de coins fabuleux sans jamais prendre le temps de les contempler. Je vous emmène donc dans une ville dont la gloire d’antan n’a rien perdu de son charme pour celui qui prend le temps de le chercher. Nous partons, en images surtout, pour la cité proche de mon domicile : Enghien.
Debout sur la Frontière
Enghien ou Edingen en néerlandais. Dans les deux cas, un nom souvent écorché, voire imprononçable pour beaucoup (le “h” est muet et le g est dur). Une cité littéralement à la frontière de deux régions : le Hainaut - auquel elle appartient officiellement et le Brabant flamand. Autrefois, totalement néerlandophone, elle est aujourd’hui bilingue avec des facilités pour les néerlandophones. De nombreuses familles y sont mixtes (linguistiquement parlant), les indications de voirie bilingues et il y règne un sentiment de tolérance, ce qui me convient parfaitement bien. Enfin une ville paisible. La ville se situe à environ 50km au Sud-Ouest de Bruxelles, entre Halle et Ath, sur la route vers Tournai et la France.
Une cité en pleine verdure avec un parc de pas moins de 182 hectares... Presque aussi grand que la ville. Un endroit classé dans le patrimoine remarquable de Wallonie. Un écrin de nature qui vaut vraiment la peine d'un détour. Et un décor incroyable pour les amateurs de golf (même si la voile me sied bien mieux que la petite balle blanche... ).
Fondée au XIe siècle par Englebert d’Enghien, la ville compte un passé prestigieux dont je vous passerai les détails historiques. Connue à l’origine pour ses tapisseries et sa dentelle, elle est à présent mise en lumière pour son magnifique parc et son château (ayant appartenu aux Ducs d’Arenberg et à la famille Empain), qui sont le terrain de jeu de nombreux festivals d'artisans, d’art et de musique (classique surtout). Sans oublier sa fameuse bière...
Gloire d’Antan
Ce qui frappe à première vue, c’est le nombre de bâtiments qui témoignent du riche passé de la cité. Et de la quantité d’entre eux, qui auraient bien besoin d’une rénovation. La ville n’est plus la dame fortunée d’antan. Elle porte encore tous ses bijoux, mais ses vêtements sont usés, mités et rapiécés. La grande dame tient debout, digne dans son histoire. Ses commerces ferment peu à peu, remplacés par des magasins temporaires sans trop d'intérêt. Et il faut tous les efforts pour ramener des écus dans les caisses pour la réfection de son architecture.
Nous vivons à quelques kilomètres de la ville, entre les vaches, les chevaux et les fermes en plein dans les champs. Et je ne passe dans la ville que pour le strict nécessaire, résidant la plupart de mon temps chez les clients, à Bruxelles ou ailleurs. Et aujourd’hui, j’avais du temps d'attente au garage local, alors j’en ai profité pour un petit reportage photos sur cet endroit que je côtoie depuis presque treize ans déjà, sans jamais vraiment le regarder en détails. Et j’y ai fait quelques magnifiques trouvailles.
J’ai ainsi notamment retrouvé le couvent des capucins, son prieuré et ses trésors cachés dans une des ruelles étroites, où un adorable guide (a l'allure presqu'aussi antique que sa demeure avec sa longue barbe blanche) m'a ouvert les portes qui ne grincent presque plus jamais pour des visiteurs. Des sols en pierre bleue, des jardinets cossus, des plafonds en bois, une crypte impressionnante et un parfum de paix et de douceur à travers les fenêtres à croisillons. Une de ces bâtisses avec une très belle âme mais dont les murs défraîchis n’attirent pas les touristes, ni encore moins les habitants du coin. Je me suis laissée emporter par la beauté du passé et compte bien la partager autour de moi. Une visite vaut la peine ! J'y retournerai.
En parcourant les rues, j’ai vu des hiboux un peu partout, comme les gardiens des vieux murs du château et de la ville. Et sans oublier la présence bienveillante du patron des bateliers... Notre très cher St Nicolas, à qui sont dédiés l'église sur la grand’place et son clocher (dont les carillons sont fameux) ainsi que l’ancien hôpital, aujourd'hui reconverti en maison de repos. En parlant du grand Saint, je l’ai rencontré sur le parvis... un peu trop tôt sur son horaire de distribution des cadeaux mais en pleine forme. Les enfants, il se prépare à venir dans vos cheminées. Mettez vos chaussures devant l'âtre et surtout soyez sages ! Tout cela dans le froid piquant et le soleil doré de fin d’automne. Une bien jolie balade.
Bref, la morale de ce billet est qu’il est simple d’ouvrir les yeux autour de soi et que les belles choses sont souvent tout près de nous. Il suffit de prendre la peine de les regarder.
Je vous souhaite un excellent dimanche avec de jolies promenades et qui sait, quelques plaisantes découvertes tout près de chez vous.
Un titre digne d’un album de Bob et Bobette... Alors histoire de vous préparer à l’hiver qui approche, je vous emmène dans une de mes régions de coeur - le Danemark - ce dimanche pour une mini-aventure, si très brève, du moins hors du commun.
Au Bord du Gouffre
Il regardait fièrement la Mer du Nord. Haut de sa tour de 23 mètres, perché au bout de la côte. Et chaque jour, il se disait... “Le sable monte, monte et finira par m’emporter au large dans les vagues glacées... Et l’on n’y peut rien faire. La nature peut parfois se montrer impitoyable, même avec ses gardiens... “
Le phare de Rubjerg Knude voyait le sol se dérober sous ses fondations sous les assauts de l’érosion, du sable, du vent et de la mer, Construit en 1900 à deux cent mètres du rivage, il se trouvait cette année à seulement 6 mètres du gouffre. Il n’était plus en activité depuis bien longtemps. Mais sa beauté et sa localisation à Hjørring (Jutland, ouest du Danemark) avaient fait de lui un musée et une attraction touristique auxquelle les Danois tenaient précieusement. C’était donc sans compter sur la passion et le génie des ingénieurs et maçons scandinaves... (Aah, ces vikings... )
Un phare à roulettes...
Les autorités locales avaient ainsi décidé de sauver leur phare symbole de la montée des eaux. Ne restait plus qu’à trouver le moyen de faire reculer le colosse au poids plume de plus de 700 tonnes, quelques dizaines de mètres plus loin vers l’intérieur des terres. En octobre cette année, à l’aide de roues et de rails, les ingénieurs danois ont alors entrepris de faire glisser le géant sur une distance de 70 mètres vers son havre de sauvetage. En seulement quatre heures et demies, le Titan avait rejoint sa nouvelle position. Une opération du même type avait déjà été entreprise pour le déplacement d’une poudrière (un projet à plus petite échelle), à Skagen, à grands renforts d ‘ingéniosité des maçons et pas moins de cinq millions de couronnes danoises de subsides gouvernementaux,
© Photos – Wikipedia
Un pas de géant pour un refuge temporaire car dans trente à quarante ans, il faudra le re-déplacer à nouveau un peu plus à l’intérieur des terres pour reculer face aux éléments qui, inlassablement, grignotent peu à peu la côte danoise.
Un peu plus loin, tout au Nord, une petite église se bat contre les avancées du sable. L’église Saint Laurent (patron des marins) de Skagen. Ne reste de l'édifice du XIVe siècle que son clocher, émergeant des dunes. Un endroit magique, mais qui finira un jour, lui aussi, englouti par la nature. L’occasion d’aller la visiter avant qu’il ne soit trop tard.
La Montée des Eaux
Selon un rapport du GIEC, pas moins de 190 á 640 millions de personnes seront victimes d’inondations côtières d’ici à la fin du siècle selon les pronostics les plus alarmants. Les régions asiatiques seront les premières touchées et en particulier huit pays : la Chine, le Bangladesh, l’Inde, le Vietnam, l’Indonésie, la Thaïlande, les Philippines et le Japon. Cependant, le Nord de l’Europe ne serait pas épargné non plus...
L’exemple danois nous rappelle que le temps presse et que les solutions aux modifications du climat se doivent permanentes et surtout globales...
Alors, je vous laisse ajouter le Danemark et ses beautés ensablées sur votre liste de voyages à venir (il est en tous les cas sur la mienne). Et qui, sait, nous nous y croiserons peut-être au détour d’une dune. Un excellent dimanche à tous.
Ce WE, j'étais censée vous écrire d'un voilier voguant aux alentours du pays de Nessie, de William Wallace et des Highland Cows. Mais nos vacances se sont finalement transformées en une odyssée quelque peu différente cet été.
Mais, peu importe. Cela ne devrait pas m'empêcher de vous faire rêver tout de même à cette petite île du bout de la Mer des Hébrides intérieures. Un petit endroit de paradis que j'ai découvert par la terre, il y a quelques années, chez des amis écossais. Et surtout, que j'espère bien explorer à la voile dès que les circonstances de vie le permettront à nouveau. Je vous emmène ce dimanche à... l'île de Skye.
L’Île des Brumes
Son nom est originaire du vieux norrois (*) "Skið", lui-même issu du picte dont les premières traces furent retrouvées sur des cartes anciennes, notamment celle de Ptolémée et de Ravenne. En gaélique, il se dit "Sgiath", ce qui signifie "ailé". Cependant, au XIXe siècle, l'île prend le surnom d 'Île des Brumes ("Eilean a'Cheò" en gaélique écossais). Et ce dernier qualificatif lui sied à merveille...
(*) N.B. Le norrois est une ancienne langue nordique et viking. Trop tentant que pour ne pas m'en inspirer pour le nom de ma société professionnelle.
Située au Nord-Ouest de l'Ecosse, l'île de Skye complète l'archipel des Hébrides intérieures, avec sa consoeur Lewis & Harris. Un paradis perdu composé de réminiscences volcaniques (Storr) et de péninsules aux caps les plus fantômatiques les uns que les autres (Sleat, Waternish, Troternish... ). Un véritable régal pour les yeux et les amoureux des paysages vierges et sauvages.
© Photos – isleofskye.com
A première vue, l'île donne d'elle une image rude, abrupte, à la limite du rogue. Mais une fois qu'on s'efforce d'apprendre à la connaître et qu'on fait fi de son climat (très) passablement variable, elle révèle alors ses trésors cachés, comme un diamant brut. Il en est de même pour ses habitants. De très grands coeurs et un grand sens de l'humour derrière leur façade et leurs airs parfois un peu bourrus.
Des reliefs escarpés avec la chaîne du Cullin. Des roches noires (basalte ou granit) aux pics acérés contrastant avec de larges étendues d'herbe et pâtures doucement verdoyantes. Des falaises plissées aux allures de kilt et des rivages sortis tout droit du roman du Seigneur des Anneaux. Bref, un endroit qui m'attire !
Seigneur des Îles
Les îles des Hébrides dont Skye fait partie, appartiennent successivement aux Pictes, puis aux Romains (qui appellent "Calédonie" tous territoires au nord du mur d'Hadrien), ensuite aux Vikings norvégiens.
Les "Gall-Gàidheal" (habitants de Gaels) résultent donc d'un brassage de cultures et de traditions nordiques et gaéliques. Un mélange pour me ravir. D'ailleurs, la domination nordique a poussé ses pérégrinations jusqu'en Irlande, où certains noms sont dérivés de leurs origines gaélo-scandinaves : Doyle et Dougal (de dubh + Gall, ou étrangers aux cheveux noirs), nom qui désignait les vikings danois en vieil irlandais. Et Fingal (de Fionn + Gall, ou étranger aux cheveux blonds), nom qui désignait les vikings norvégiens et suédois (source : wikipedia). Ce n'est qu'au XIIIe siècle que les Ecossais prennent possession de Skye et où les territoires des Hébrides et de l'île de Man sont accordés à l'Ecosse. Les Norvégiens gardent alors la main mise sur les Orcades et les îles Shetland.
"Per mare per terras" ("par mer par terre", devise du clan Mac Donald)
Vous connaissez probablement la suite... Viendra alors au XVIIe siècle le temps de la rébellion jacobite et des "Highland Clearances", époque où les clans et leurs populations des terres du nord sont déportés ou forcés à vendre leurs terres et troupeaux à prix bas. En suit une militarisation de l'Ecosse et de nombreuses émigrations vers l'Amérique. C'est à cette époque que sont construits de nombreux forts de garnison sur le continent écossais, dans le grand Glen dont notamment à Fort William. Le maintien de la paix dans les Highlands s'avère un défi sur fond de guerre avec la France et imposition britannique. Des années pénibles.
Skye demeurera ainsi, écossaise, jusqu'à aujourd'hui, faisant partie du Royaume britannique, au grand dam de sa population (ainsi, 44,7 % des Ecossais rêve encore et toujours d'indépendance depuis l'époque de William Wallace). D'ailleurs, l'Ecosse a majoritairement voté contre le Brexit... Et ne semble donc pas trop ravie des projets de la nouvelle direction britannique... Mais, le but n'est pas de faire de la politique dans ce billet.
Tartan, Premier du Nom
Entre balades dans les lochs, montagnes et prairies, vous n'y croiserez pas de grandes foules en basse saison. Sauf en été, un peu plus à Portree, charmant petit port coloré et principale ville de l'île. Châteaux ancestraux (Dunvegan, Armadale, Duntulum) et distilleries locales (Talisker) valent la peine d'une petite visite bien arrosée (et pas que d'eau de pluie).
Skye possède également son propre tartan (vert et pourpre). L'occasion d'une petite session de mode si le style local vous tente. Mais attention, le port du tartan est loin de constituer un accessoire de mode abilité à tout un chacun ! Il reflète en effet une tradition et un rang social particulier. Vous ne pourrez le porter que si un local vous fait l'insigne honneur (et ô combien rare) de vous inviter comme membre de la famille (ou tout comme) à une célébration familiale tel qu'un mariage, baptême ou autre. En outre, tel privilège n'est accordé qu'aux messieurs et à condition qu'ils soient les premiers fils aînés du nom. Et nous avons eu cette incroyable chance grâce à des amis très proches, originaires de la région... Je ne vous révèlerai pas si l'heureux élu de cet honneur portait ou non quelque chose sous son kilt pour l'occasion ;-).
© Photos – rêvesdemarins
Skye est reliée au continent par le pont de Skye sur le loch Alsh. Il existe toujours un service de petits ferries, qui vaut le détour pour une navigation délassante égayée par un babillage avec le passeur du coin (que nous n'avons, bien entendu, pas manqué). Et si vous avez de la chance, vous pourrez aperçevoir quelques phoques patibulaires ou dauphins en mer toute proche.
© Photos – rêvesdemarins
Désert de Pierres et d'Eau
Si Skye en vaut vraiment le détour pour ses paysages du bout du monde, elle le vaut un peu moins pour ses richesses historiques. Mais, celles présentes laissent certainement de beaux souvenirs (par ex. les Brochs/Dunns, des habitations mésolithiques ou encore ses anciens ponts de pierre perdus en pleine nature... )
© Photos – rêvesdemarins
Par contre, pour les fans de peluches en tous genres ou pour les avides de décors marins (comme moi), c'est l'endroit idéal ! Seuls les Midges ne sont pas trop à mon goût. Vous savez, ces petites mouchettes qui piquent et qui piquent fort ! Et de préférence en nuées. Inutile d'essayer les anti-moustiques traditionnels. Seuls les jours très venteux ou les produits locaux (par ex. Smidge) produisent quelqu'effet bienfaisant contre leur appétit vorace. Le paradis parfait n'existe pas !
© Photos – rêvesdemarins
Skye en Musique et en Lecture
En lecture
En musique
Alors, j'espère que ce billet vous aura donné l'envie de mettre Skye sur votre liste de prochaines destinations, malgré son climat et ses midges !
Je vous souhaite une excellente fin de WE emplie de rêves calédoniens. Et bon courage pour la semaine qui recommence. |
AuteurArchives
August 2023
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