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Way Finders

29/7/2018

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Si certains d'entre vous ont eu la chance d'observer l'éclipse lunaire, ces derniers jours, le firmament et ses secrets ne les laissera pas indifférents. Un petit billet ce dimanche pour introduire un thème qui titille ma curiosité, mais qui demeure encore un sacré défi à mon esprit littéraire... Comme je ne connais encore que très peu  le domaine (je compte bien le décrypter un peu plus ces prochaines mois), je débuterai donc ici par une introduction élémentaire avant de parvenir à écrire un billet plus solide sur le sujet. Je vous emmène aujourd'hui dans l'Océan Pacifique pour découvrir...  la navigation astronomique.

On se souvient souvent des prouesses des navigateurs espagnols, anglais, portuguais ou encore celles des Vikings (ces derniers ayant atteint le Canada). On connaît par contre moins celles des peuples polynésiens. Derrière l'image des vahinés, aux colliers de fleurs, des hommes aux tatouages mystérieux, des mélodies de yuculélés et des volcans insulaires, se cache un peuple aux ressources insoupçonnées. Toute une génération de marins et voyageurs, qui a colonisé l'Océan Pacifique, grâce à sa connaissance traditionnelle, mais déjà sophistiquée du positionnement géographique et de la navigation astronomique.
La Polynésie, dont le Grand Jacques était épris, forme un triangle à travers le Pacifique allant d'Hawaï au Nord, Rapa Nui (Les Îles de Pâques) au Sud-Est et Aotearoa (Nouvelle Zélande) au Sud-Ouest, avec Tahiti en son centre. Cependant, les navigateurs polynésiens semblent avoir été bien au-delà de ce triangle. En effet, les recherches prouvent qu'ils auraient atteint la côte d'Amérique du Sud ainsi que les îles sub-arctiques.
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© Photos - The Conversation/Opinion Global

Naviguer au Doigt et à l'Oeil
Pour naviguer, il faut d'abord parvenir à se positionner par rapport aux astres. Et les Polynésiens avaient développé une technique leur permettant de définir leur position à l'aide de ... leurs mains.
"If you can identify the stars as they rise and set, and if you have memorised where they rise and set, you can find your direction. " (Polynesian Voyage Society, Nainoa Thompson)
Pour calculer leur position sur terre, les navigateurs connaissaient par coeur la carte du ciel et mesuraient l'angle entre les étoiles et l'horizon pour déterminer la latitude. Pour se faire, ils utilisaient leurs mains. La largeur du petit doigt en son extrémité, à bout de bras, compte environ pour 1°, ou le double du diamètre angulaire du soleil ou de la lune. On compte que la largeur de la paume (la distance du pouce au petit doigt étendu représente environ 25 degrés. En tenant la main face à l'horizon, bras tendu, chaque partie de la main permet ainsi la mesure d'une altitude spécifique.
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© Photos - Polynesian Voyage Society
Comme les positions des étoiles ne sont pas fixes dans le temps, les marins utilisant cette technique de navigation doivent régulièrement ajuster leurs mesures. En effet, depuis des millénaires, les étoiles ont graduellement bougé de position en raison du lent changement de direction de l'axe de rotation de la terre (ou "précession des équinoxes"). Par exemple, au départ de la latitude de Samoa, on a pu observer un shift de -19° de la Croix du Sud par rapport aux observations antiques.
Si l'envie vous dit et le ciel clair, jetez donc un coup d'oeil à l'article en annexe pour mesurer votre position avec vos mains. (http://www.abc.net.au/science/articles/2009/07/27/3169109.htm). Il ne vous reste plus qu'à mémoriser la carte du ciel et le tour est joué !

Vaiana et les Way Finders
Cette très belle technique de navigation ancestrale a été relatée dans les aventures d'une petite polynésienne, nommée Vaiana (ou Moana), l'héroïne d'un Walt Disney dont je ne me lasse pas (vous me pardonnerez mes références littéraires). "Vai" signifiant "eau" en tahitien. Même si ce film a causé quelques polémiques sur la manière dont il dépeignait les peuples du Pacifique, j'en ai retenu cette belle parenthèse sur la navigation "à la main" et m'a donné envie de me renseigner un peu plus sur cette pratique ancestrale.

Je vous laisse en découvrir quelques extraits. Une petite héroïne, amoureuse de la mer, qui rêve de partir en catamaran parcourir l'océan au-delà des récifs de corail, où les flots deviennent sauvages malgré la peur d'un univers inconnu. Elle découvre alors que ses ancêtres ont été des "Way Finders", de grands voyageurs et un peuple de navigateurs. Un rêve que je partage un peu et qui sait, que je réaliserai peut-être bientôt ?...  


Sur ce, je m'en vais réviser ma carte stellaire et compter les étoiles au lieu de compter les moutons... Je vous souhaite de voir de nombreuses étoiles filantes ! Bon dimanche à tous.

PS. Petite pause du blog la semaine prochaine. Mais je vous retrouverai avec plaisir mi-août.
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Les Voyages de Lemuel

1/7/2018

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Qui d'entre vous se souvient de Jonathan Swift et de ses récits de voyage ? 
Je vous rafraîchis la mémoire ?
  • Mon premier est un chirurgien de marine
  • Mon second est un naufrage
  • Mon troisième est minuscule mais travaille comme une fourmi
  • Mon quatrième se passe au bout du monde, dans un pays imaginaire
  • Mon cinquième est un prisonnier géant qui répond au charmant prénom de Lemuel
  • Mon tout est un roman satirique et fine critique politique de 1721

Vous avez trouvé ? Mon tout narre les fameux Voyages de Gulliver... Dissimulé sous l'aspect d'un conte marin pour enfants, il s'agit en réalité d'une satire véhémente contre les mœurs et les gouvernements de l'époque de son auteur.

Les habitants de Lilliput sont de petits êtres mesurant six pouces de haut (ou moins de quinze centimètres) à la langue incompréhensible. Ils vivent dans une société parfaitement organisée et s'opposent aux habitants de l'île voisine. Gulliver, chirurgien de marine, atterrit sur leur île suite à un naufrage et se faire prendre prisonnier par ces petits êtres très particuliers. Il finira par les aider à capturer et emmener la flotte ennemie grâce à sa grande taille. Mais sera rapidement mis en discrédit par les monarques locaux en éteignant l'incendie du palais d'une manière, disons, ... inhabituelle, bien qu'efficace...
Gulliver découvre l'origine de la guerre entre Lilliput et Blefuscu qui est l'île voisine : un roi a voulu imposer le côté par lequel devaient être cassés les œufs à la coque : d'où le nom des partisans de chaque doctrine, les Gros-boutiens et les Petits-boutiens.
"N'est-ce pas le défaut naturel à tous les hommes qui se plaisent ordinairement à parler et à raisonner sur ce qu'ils entendent le moins ? " (Les Voyages de Gulliver, Jonathan Swift)
Lemuel Gulliver fera quatre voyages : à Lilliput, puis à Brobdinggag, le pays des Géants, dans l'océan pacifique. Il ira ensuite, à Laputa, Balnibarbi, Glubbdubdrib et Luggnagg, pour terminer ses aventures quelque part au Japon.
© Photos – Wikipedia

Je ne vous entretiendrai pas dans ce bref billet des détails du récit des voyages de notre ami Gulliver. J'ai simplement l'intention de vous donner l'envie et l'occasion de ressortir cet ouvrage de vos archives. A votre échelle pour aller le dénicher au fond de votre bibliothèque !
Alors, en mangeant votre oeuf à la coque ce dimanche matin, posez-vous la question de savoir si vous êtes un Gros ou un Petit-boutien !

Je vous souhaite un superbe dimanche ensoleillé.
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La Mouette Rieuse

25/2/2017

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Qui dit mer, dit aussi grands voyageurs... Et quoi de mieux qu'une paire d'ailes pour découvrir le monde...

Dans un des billets précédents à propos de la Russie, je vous avais promis des oiseaux de mer. Je tiens donc parole. Je vous emmène aujourd'hui rencontrer quelques spécimens particulièrement attachants  de ces volatiles marins, explorateurs du monde, à travers des destinations qui ont marqué leur sillage aérien... ainsi que ma mémoire.


A la quête de l'Absolu
Premières destinations de nos amis à plumes: Carlsbad Caverns National Park, New Mexico. Ensuite Santa Fe, California et ensuite Monterey Peninsula Landfill et Death Valley National Park, USA. 

Notre premier goéland s'appelle Jonathan. Il s'agit du cousin à duvet d'un grand explorateur de l'Afrique.

Voyage pour son rôle dans la version cinématographique d'un ouvrage de Richard Bach. Des images époustouflantes et une musique à vous crever le coeur. Le tout sur la voix profonde au timbre troublant de Neil Diamond. Une épopée métaphorique et allégorique d'un jeune goéland que l'amour du vol entraîne dans une quête d'absolu, et qui quitte son groupe à cette fin. A voir ou à revoir si l'on aime la poésie, les images de mer et de solitude.

" You have the freedom to be yourself, your true self, here and now, and nothing can stand in your way." (Jonathan Livingston Seagull, Richard Bach)    

Convoyeurs de fonds (marins)
Notre second héros du jour se fait appeler Capitaine Orville. Un tout autre registre. Un envol au départ de New York pour le Bayou de Louisiane, en réponse à un message dans une bouteille d'une petite fille. Une traversée aérienne - et surtout des décollages délicats - pour conduire un mini duo Sherlock & Watson vers l'objet de leurs recherches de souris détectives.

Notre troisième protagoniste n'est autre que l'Amiral. Nigel, de son petit nom. Un désopilant pélican  débordant de générosité, qui offrira ses services de taximan à quelques poissons en mal de mer, sous l'oeil avide des mouettes du port de Sydney. 
Un passage, avec un poisson clown et son adorable compagne amnésique, dans les abysses marines, à travers les bancs de méduses et les migrations de tortues dans les grands courants océaniques. Un périple  jusqu'aux marinas australiennes.

En parlant d'Amiral, la ressemblance avec son homonyme humain, grand marin et écrivain que j'apprécie tout autant, viendrait-elle donc de la grande gueule ou serait-ce plutôt du grand coeur?

Air-udit
Notre quatrième acteur porte le nom emblêmatique d'Eurêka ou Scuttle. 

Se disant grand savant, ce goéland farfelu constitue le lien entre la Petite Sirène et le monde des terriens. Prétendu grand connaisseur des hommes, ses explications quant aux objets trouvés au fond de l'océan s'avèrent plus abracadantes les unes que les autres. 
Mais notre ami à plumes permettra surtout à la Petite Sirène de rencontrer le Prince Erik. Marin qu'elle sauvera d'un naufrage et dont elle tombera éperdument amoureuse. Je ne vous en dis pas plus: vous connaissez déjà la suite de ce récit.

Yves & Yvette
Je ne me souviens malheureusement pas des noms de tous les autres oiseaux croisés en mer, mis à part du couple entrevu à St Malo: Yves et Yvette, que je vous ai présenté dans un billet précédent. Mais toutes ces rencontres avec ces voyageurs de l'air ont été mémorables.

Retour donc en Europe par le Nord pour revoir Bergen, Oslo et la magie nordique. Et comme il y a fait un peu froid tout de même, nos amis décident de redescendre vers la chaleur. Passage par notre chère Mer du Nord, pour continuer vers le Sud et prendre une petite semaine de relâche en Andalousie, à Cadix la toute belle. Le temps d'y admirer des couchers de soleil fabuleux et d'y faire le plein de soleil. Ils remontent alors par Saint Malo et le Mont Saint Michel, le temps de saluer Yves et Yvette, toujours aussi friands de frime sur la pellicule!


La Mouette Rieuse
Enfin, nous voici de retour au port de Bruxelles, pour y rejoindre notre Mouette Rieuse nationale. Vous savez, celle qui oblige tous les membres  de l'équipe de rédaction du journal de Spirou à porter un casque lors de ses accès d'humeur et qui ouvre les boîtes de sardines pour le chat avec son bec...
Voici la fin d'une navigation aviaire à travers un petit billet "poids plume" (légèreté du sujet oblige...). Et si vous avez pris des congés en cette semaine de Carnaval et adopté la mer comme endroit de villégiature, remettez donc mon bonjour aux goélands, mouettes et autres navigateurs ailés que vous y croiserez!

Bon dimanche à tous.

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Traversée vers le Grand Sud

23/4/2016

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Les canges ont toutes deux grandes voiles croisées qui font ressembler le bateau à une hirondelle volant avec deux immenses ailes... (Gustave Flaubert, Correspondance)
La mer n'en finit pas. L'horizon semble infini avec sa ligne courbe grisâtre dans la brume du matin. Les deux compagnons persistent dans l'effort pour poursuivre leur longue route vers le Grand Sud. Mais leurs forces faiblissent au fur et à mesure qu'ils avancent dans l'univers ouaté. 
- Mon ami, je n'en puis plus. Ne pouvons-nous donc pas faire une petite relâche? Son compagnon scrute les vagues pour y aperçevoir un endroit où se reposer. Rien devant, rien derrière.
- Courage, ma belle, encore un petit effort. Nous finirons bien par trouver un refuge.  Les quelques rares rayons de soleil parvenant à traverser l'écrin nuageux réchauffent brièvement leurs corps endoloris. Soudain au loin, apparaît l'ombre d'une voile triangulaire.
- Enfin, un abri où nous reposer. Nous sommes sauvés!

Mais pourquoi cette petite bête atteignant tout juste 20 grammes ressent-elle, à la mauvaise saison, la nécessité de parcourir plus de 10.000 kilomètres ? L'instinct est le plus fort, la nature surprenante. Pour réaliser cet exploit, elle utilise le vol battu, c'est à dire que ses ailes sont presque toujours en mouvement. Pas de GPS, ni boussole. Pas de cartes aériennes ni de sextant pour indiquer le chemin. Juste un don et une connaissance géographique innée. Et la cohésion du groupe. Difficile à croire! Nous ne pouvons qu' imaginer leur périple durant l'hiver. Quelle peut bien être leur destination: Saint Tropez, Tanger, Palerme, Beyrouth, Smyrne, ou même Ougadougou? Que de kilomètres à parcourir à tire d'ailes. Que de dangers à affronter. Que de régions à traverser. Vont-ils survivre? Vont-ils revenir, surtout? Et s'ils allaient se perdre en route? Et s'ils décidaient de s'installer dans leur résidence estivale pour de bon? 
Rassurez-vous, je ne compte pas vous faire un cours d'ornithologie à travers ce billet. Mais le récit de ces petites merveilles de la nature vaut , à mon sens, tout de même la peine d'y consacrer quelques lignes...

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Une Hirondelle ne fait pas le Printemps...
L'expression consacrée signifie qu'un seul événement ne suffit point à confirmer une généralité. Elle vient du latin "una hirondo non facit ver", lui-même venu du grec. Certaines hirondelles peuvent en effet revenir plus tôt qu'elles ne devraient.  Puis il y a celles qui,  n'ont pas eu la force de migrer, et qui ont trouvé refuge au chaud et donneront signe de vie bien plus tôt que leurs congénères voyageuses. Du coup, il n'est pas toujours possible d'affirmer que le fait de voir une hirondelle suffise à confirmer qu'on soit au printemps.
Et pourtant, moi, je vous assure que si... Contrairement à l'adage, pour moi, les hirondelles font bien mon printemps à moi... Laissez-moi vous expliquer pourquoi.

L'année passée, début juillet, nous avons eu le plus grand bonheur de voir arriver un couple d'hirondelles rustiques, passer et repasser sur la terrasse couverte, dans un ballet incessant de gracieuses arabesques aériennes. Par habitude, nous donnons un nom à tous les animaux du jardin et les avons ainsi nommés Isidore et Anabelle. Dans leur langue, probablement "chiipputiiii et chiiiiiputtttiaaaa"...  (Excusez-moi pour la traduction littérale de leur gazouilli).

Tout a commencé par des séances de haute voltige et de vocalises dignes des plus grands artistes de cirque et chanteurs d'opéra, avant de décider que notre terrasse couverte serait leur endroit de prédilection pour leur lune de miel. Après de moultes tentatives infructueuses, elles ont fini par débuter la construction d'un lit nuptial dans un coin supérieur bien abrité du plafond de bois, avec de la boue, de la paille et de la salive (je ne vous dis pas l'état du sol en-dessous). Après quelques semaines, Anabelle s'est confortablement installée dans son petit lit d'amour et s'est fait servir son repas au lit par Isidore durant quelque temps. (Messieurs, prenez-en de la graine! Petit déjeûner au lit tous les jours pour Madame!). Par pluie, vent, orage, elle n'a pas bougé d'un milimètre de son lit à baldaquin. Isidore, quant à lui, n'ayant qu'à faire chambre à part durant la période... (Heureusement, il y avait pas mal de Beds & Breakfasts à proximité).

Puis un jour, Anabelle s'est mise à furieusement donner des coups de bec dans son lit. Non, non, ce n'était pas pour secouer la couette, ni aérer les oreillers... Et Isidore ne cessait de faire des aller-retours le bec rempli à ras bord du déjeûner (miam, miam, c'est bon les mouches et les moustiques!). Nous attendions donc avec impatience les résultants de l'heureux événement.

Quelques temps plus tard, le gazouilli s'est fait plus aigu, plus sonore, plus insistant surtout... Sont alors apparues quelques petites têtes blanches et noires: 1, 2, 3 puis 4... Nous les avons alors baptisés notre "Quatre Moustiquaires": Athos, Aramis, Porthos et D'Artagnan, le petit dernier...

Les parents ont été modèles: durant des semaines entières, ils n'ont eu de cesse que de venir nourrir leur progéniture, dans un ballet incessant (dur dur d'être parents...). Se relayant les nuits venteuses pour demeurer au chevet de leurs bambins dans des conditions de plus en plus inconfortables vu la place restreinte dans le nid. Et je peux vous assurer que ces petits goinfres n'en avaient jamais assez! Sans vous parler de l'état de la terrasse sous le nid ;-(. 

Puis, enfin, un midi ensoleillé où nous étions en train de prendre l'apéro, confortablement installés sur la terrasse, à moins de deux mètres du logement de nos petits amis, nous avons été envahis de la belle-famille... Sans gène aucune, virevotlant au-dessus de nos têtes, dans un brouhaha indescriptible. Une vraie réunion de famille digne d'une tribu sicilienne! Ils étaient des dizaines, à pépier et encourager nos quatre moustiquaires à sortir du nid et à prendre leur envol. Et peu à peu, après quelques essais maladroits et de bonnes chutes (heureusement sans conséquences), nos petits amis ont pris leur envol sous nos yeux. Un seul des quatres n'est malheureusement pas revenu d'une de ses premières ballades. Puis, les parents ont pris la route vers leur seconde résidence. Et fin de l'été, les trois moustiquaires restants ont fini par prendre la route du Grand Sud.

A commencé alors une interminable attente hivernale, en espérant que nos petits pensionnaires reviendraient égayer notre terrasse dans leur nid douillet l'année suivante. Et Dieu que cet hiver m' a paru long cette année.
Et puis, un matin de cette semaine, entre les pépiements assourdissants des moineaux, mésanges, troglodytes et bergeronnettes, soudain une vocalise bien connue dans la cour intérieure... L'ombre d'un F16 noir et blanc aux cabrioles vertigineuses, qui se livre à des acrobaties aériennes entre la vigne et les vieilles poutres en bois massif de la terrasse. Les hirondelles sont revenues!!! Elles n'ont pas encore tout à fait repris possession de leur nid, mais cela ne peut tarder... Alors, avec elles, mon printemps à moi est revenu, lui aussi. Malgré la pluie et la température maussade ce WE (si, si, on annonce de la neige dans mon pays d'Ardenne!), nos hirondelles ont ramené le printemps dans mon coeur...  Elles ne nous ont pas oubliés: nous faisons toujours partie de leur vie.

Alors, si même des êtres chers vous boudent et gardent le silence durant de longues années, cela ne signifie pas qu'ils vous ont banni de leur coeur ou que vous leur soyez indifférent. Peut-être ont-ils ce besoin de passer du temps dans d'autres contrées, sous d'autres saisons, en d'autres compagnies, et de vivre d'autres vies. Je continue à croire qu'un jour, ils reviendront là où un jour leur coeur a appartenu. Ne leur en veuillez pas. Et ne les attendez-pas non plus. Mais, le jour où ils refont surface chez vous: accueillez-les comme si c'était hier, sans reproches, les bras ouverts, avec gratitude et cette même tendresse. Une ancienne amie d'enfance m'a récemment recontactée après plus de 25 ans d'absence. Et son coup de fil m'a fait chaud au coeur. Et je me réjouis sincèrement de la revoir. Peu importe si nous n'avons plus d'anciens sujets en commun. Nous en aurons de nouveaux, bon sang! 
Alors, si un jour, une hirondelle revient vous voir après de longs hivers d'absence... Ne l'ignorez ni ne la repoussez pas. Accordez-vous simplement de lui laisser faire votre printemps...
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Ulysse, mon Héros...

4/4/2016

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​Quel plus grand Voyageur puisse-t-il y avoir qu' Ulysse? Un thème repris des dizaines de fois depuis Homère, me direz-vous... De la Divine Comédie de Dante, en passant par les poèmes de du Bellay et d'Apollinaire, James Joyce, Giraudoux, Giono, Schmidt, jusqu'au monde fantastique d'Ulysse 31... Mais l'Ulysse dont je souhaite vous parler aujourd'hui est différent. Et chacun d'entre nous pourrait s'embarquer un jour ou l'autre dans une aventure telle que la sienne... Je dédie donc ce billet à tous les Ulysses de ce monde.
Un billet un peu plus personnel aussi, sur un thème que j'ai longtemps hésité à publier car il nécessite de me mettre à nu, de me dévoiler. Mais, comme je l'ai indiqué dans l'introduction de ce blog, 2016 sera différente. Je partagerai donc ici ma version personnelle de l' Iliade/Odyssée et de ses héros.
Commençons tout d'abord par nous rafraîchir la mémoire et un petit retour dans l'Antiquité grecque.
​
Ulysse, en grec ancien Oδυσσεύς (Odyssée). Né en Béothie, aux environs du XIIIe siècle avant J.C. (dit la légende...). Souverain du Royaume d'Ithaque. Époux de Pénélope. Père de Télémaque. Guerrier aguerri. Notre héros hellène est représenté comme un roi sage, favori de la déesse Athéna et habile orateur. Le récit de l'Iliade: Ulysse prend part à la guerre de Troie à la tête de douze nefs et occupe de ce fait une place d'honneur dans le Conseil des rois. On le surnomme "l'homme de toutes les ruses". Les Grecs se désespèrent de vaincre la cité assiégée et leurs négociations demeurent sans succès pour  laver l'affront fait à Ménélas (roi de Sparte, dont l'épouse, la belle Hélène, avait été enlevée par Pâris, le fils de Priam, roi de Troie). Ulysse vient alors avec une idée astucieuse : introduire dans la ville un cheval de bois contenant des soldats, soi-disant comme présent. Ce stratagème guidera la cité troyenne à sa perte. Il mène ainsi les troupes grecques à la victoire d'un siège de dix longues années éprouvantes. 
Cependant, l'aventure ne se termine pas ici. En effet, à la fin de la guerre de Troie, notre héros doit affronter la rancune de Poséidon dont il a aveuglé le fils, le Cyclope Polyphème. C'est ici que débute le second récit: celui de l'Odyssée. Ulysse errera ainsi en mer dix ans encore avant d'enfin parvenir à rallier Ithaque, retardé sans cesse par de nouveaux obstacles formentés par des Dieux capricieux, pour rejoindre sa patrie.  Si vous désirez en savoir plus sur ces deux récits attribués à Homère, jetez un coup d'oeil à ce très beau site de la bibliothèque nationale de France (http://expositions.bnf.fr/homere/).

Mais voici plutôt ma propre version de l'Iliade et de l'Odyssée narrée par Pénélope, dans une lettre qu'elle écrit à l'homme de ses rêves et qu'il ne recevra jamais durant son long périple...
"Mon tendre Ulysse...,

La nouvelle de cette déclaration de guerre inopinée arrive comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Et tu accueilles cette annonce avec beaucoup de calme, même si au fond de toi, elle t'ébranle profondément.  
Le monde pivote tout d'un coup sur son axe. Toutes tes certitudes volent en éclats, tes  projets de vie chamboulés, tes projets d'avenir anéantis, ton espérance de vie réduite de dizaines d'années en un seul instant.  Sans vraie raison, sans vrai coupable ni explication. Un défi sans précédent, au doux nom de "Cancer", un titan, un colosse, un géant, un dragon à pourfendre.....

Alors, vient le temps d'une décision: celle d'aller au feu, ou de déserter. Et tu choisis  l'option la plus pugnace, la plus risquée, la plus longue et la plus douloureuse aussi: celle de partir pour le front et résister à l'ennemi. Ennemi sournois que la maladie... Invisible, camouflé, il avance et gagne du terrain chaque jour sans se faire remarquer. 

Le Conseil des Sages se réunit. Il tranche sur la stratégie à appliquer: le fameux "protocole" médical. Tu ne sais pas vraiment ce que cette tactique comporte, mais tu l'acceptes car en tant que bon marin, tu respectes la hiérarchie et fais confiance au capitaine. Tu lis, te renseignes, prends l'avis d'autres conseillers, et tentes de mieux comprendre les diverses étapes du combat à mener, de l'itinéraire à suivre. Et lorsque qu'arrive ton ordre de mobilisation, tu prépares ta flotte à hisser les voiles. Une fois n'est pas commune, tu n'es pas à la barre cette fois-ci... Tu ne diriges pas ce navire-ci.. Tu tentes simplement de le mener à bon port, sans fortune de mer, en suivant consciencieusement les instructions de ton skipper médecin.
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Première étape: Calypso & Nausicaa.
On largue les amarres. Les premiers milles s'avèrent relativement calmes. La mer est bleue, le ciel serein. Juste quelques nuages gris au fond de l'horizon. Jusqu'ici tout va bien. La première terre en vue. La nymphe Calypso t'y accueille en blouse blanche de manière bienveillante. Elle t'annonce que tu vas devoir séjourner dans son palais pour une période indéterminée. Prisonnier... Nausicaa, une autre naïade en blouse blanche, plus compréhensive, te ramène des vêtements et te permet alors de rejoindre ton navire en te faisant promettre de revenir aux prochains rendez-vous.
Seconde étape: Les Cyclopes.
Nouvelle terre en vue. Les habitants de l'île ont l'air bien inoffensifs. Ils t'examinent de leur gros yeux uniques, sous toutes les coutures. Dans des borborygmes incompréhensibles, ils te dessinent des sigles de couleur sur tout le corps. L'un deux, Polyphème, te place dans les rayons du soleil. Pas toujours très délicatement. Une coutume locale probablement. Tu te laisses faire gentiment. En silence, tu injuries le Cyclope de te malmener ainsi durant ces séances d'initation. Il peut lire tes pensées, pas de chance: son protecteur, Poséidon t'en tiendra ombrage... Une fois réembarqué à bord, tu commences à ressentir les effets douloureux de leurs rites sur ton corps. Et le vent forcit. La mer se charge de moutons. Elle passe du bleu au vert de gris. 
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Troisième étape: Circé, magicienne.
La mer est à présent gris ardoise. Le vent s'est levé. Des nuages d'orages se profilent à l'horizon. Le ciel violet. Des vagues profondes te couvrent la vue de l'horizon. Un grain arrive. Cela se corse. Tu accostes sur la prochaine île que tu croises. Une petite relâche ne fera pas de tort vu la météo, penses-tu. Une créature de rêve vient t'accueillir sur la plage. Rien à voir avec les Cyclopes aux rites barbares. Celle-ci semble pacifique. Elle t'invite à venir te reposer sur un lit de draps immaculés  et t'offre des rafraîchissements, une "potion magique", dit-elle. Un vrai festin. Des mets au goût discutable, il est vrai. Mais tu dois continuer ta route. Et tu remontes à bord, avec des provisions pour des mois. 
Cette potion magique est censée te protéger des mauvaises cellules.  Tu accepte de te plier à cette diète. Au fur et à mesure, ce nouveau régime t'épuise. Et toi qui n'en souffres jamais, tu commences à ressentir le mal de mer, de temps à autre, puis constamment. Ton estomac n'est plus que tourbillon. Te nourrir devient alors un vrai calvaire, mais tu acceptes tout de même de continuer à avaler cette fameuse potion magique à doses régulières. Ton reflet dans le miroir a changé. Tu n'es plus vraiment toi.  Tu n'aimes pas trop cette nouvelle image. Mais, tu passes l'éponge. "On fera avec", comme tu dis.
Quatrième étape: Les monstres de Scylla.
La tempête fait à présent rage. La mer est devenue noir d'encre. Tu t'accroches au navire. Sur ta route, des monstres marins terrifiants: des femmes-poissons habillées de vert, aux milles mains. Tu dois passer aux armes et le combat est inégal, invasif: les monstres pénètrent ton corps, le modifiient, l'amputent, s'attaquent à  ton sang, à ta sève de vie, à tes organes vitaux. Ils te vident de ton énergie. Ils font de toi quelqu'un d'autre. Tu te noies. Tu sombres dans l'inconscience.
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Cinquième étape: Les Sirènes.
Lorsque tu te réveilles, tu es éreinté. La douleur est partout dans ton corps. Tu voudrais pouvoir sortir de cette enveloppe charnelle qui te fait tellement souffrir. Au dehors, un chant mélodieux, celui des Sirènes: elles t'appellent doucement vers le néant, là où la souffrance n'existe plus, là où tu pourrais enfin te reposer. Et le supplice est tel que tu n'as qu'une seule envie: les suivre dans leur douce mélopée, tout oublier, ne plus rien ressentir, ni douleur, ni nausées, ni malaises... Ce serait tellement simple que ton Odyssée s'arrête ici dans le mielleux de leur chant...  Dans tes pires moments, tu hurles et supplies en silence que tout s'arrête, mais une fois encore, tu résistes à la tentation de tout abandonner et tu te cramponnes au mât de ton lit d'hôpital pour ne pas les suivre et t'âbîmer en mer.
Ton équipage ne peut rien pour toi. Il t'encourage, reste à tes côtés à chaque instant, passe des nuits blanches à ton chevet. Je donnerais tout pour pouvoir prendre cette douleur à ta place et te sauver des griffes de ces maudites sirènes. Tout comme ton bonheur est mien, ta souffrance est mienne. Je me sens impuissante face à ton désarroi. Je ne peux rien faire d'autre sinon t'aimer en silence pour t'aider à passer cette épreuve. Toutes ces fois où tu refuses de me parler de ton état, par dignité, par protection, par fierté, qui sait... Voilà pourquoi j'ai dernièrement ressenti ce besoin de rejoindre les équipes des nymphes en blouse blanche en tant que volontaire: pour me sentir plus proche de toi, pour mieux comprendre ce que tu vis, pour mieux pouvoir t'épauler en connaissance de cause. Pour être là pour toi, à travers d'autres.

Je te sais en train de combattre ces Dieux implacables qui jouent avec ta vie. Et je leur en veux rageusement de t'éprouver en ce jour. Ils savent que tu es l'homme le plus courageux qu'il existe. Ils savent que  tu es un époux modèle, un homme de raison et de sagesse et que jamais tu ne prends de décisions au hasard.  Ils savent que tu réfléchis dix fois avant d'agir et que presque jamais tu ne te laisses emporter par tes émotions. Et pourtant, aujourd'hui, ils te mettent à  l'épreuve... Sont-ils donc jaloux de toi? Sont-t-ils donc cruels pour le simple plaisir de te faire souffrir?  Je ne sais... Mais, ils t'ont, ces dernières années, imposé des  défis d'un ordre, que jamais encore, tu ne pensais devoir affronter...

Sixième étape: Retour à Ithaque:

Le plus terrible est derrière toi. Les nymphes en blouse blanche t'ont accordé la permission de rentrer dans ton pays. Ton navire n'a pas sombré. Ton équipage a bien tenu le vent et tu as survécu au pire. Elles prononcent le mot magique "Rémission".
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L'ennemi est-il totalement anéanti? Ou le monstre renaîtra-t-il de ses cendres? Les semaines, les mois, les années passent. Et plus le temps passe, plus l'espoir revient. Bien sûr, il y a peut-être de nouvelles tempêtes, récidives ou adversaires, mais il y a aussi de nouveaux remèdes, et tu tiendras bon. Et nous gagnerons la guerre suivante. Et la suivante encore, si les Dieux nous défient à nouveau. 

Je suis tellement fière de toi... Ulysse, mon tendre. Grand Voyageur. Marin hors pair. Jamais je n'ai douté de toi. Je t'admire. Tu es mon héros... "  - Ta Pénélope

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Frère Rodrigo, ne vois-tu rien venir?

27/2/2016

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Mon troisième billet.
Cette publication reflète la manière dont ce blog fonctionnera la plupart du temps: un article afférant à un des sujets présentés dans les onglets de ce site web (rêves en images/galerie photos ou bibliothèque de bord), histoire de leur donner vie par un commentaire ou une anecdote. Pour les photos, voir  la section - Rêves de voyages > Rêves andalous -
http://www.revesdemarins.com/recircves-andalous.html.

Alors, voilà... J'ai eu envie de vous parler de Rodrigo... Que j'imagine espagnol et audacieux  jusqu'au bout des ongles (qui ne devaient pas être trop propres à l'époque...), aux traits un peu bourrus, le teint hâlé et yeux d'ébène. J'ai découvert Rodrigo lors d'un périple en Andalousie. Illustre inconnu (à l'époque pour moi du moins), dont l'histoire m'a interpellée et dont j'ai envie de vous conter le récit.


La mutinerie est proche... Les hommes sont à bout. Le capitaine doit user de toute son inventivité pour convaincre l'équipage de poursuivre leur route et de garder confiance en son commandement. Le navigateur génois se sent proche du but. "Elle" doit se trouver tout près, il le sait. Et pourtant, un terrible doute l'assaille soudain: et s'il s'était trompé?
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Rodrigo plisse des yeux, encore et encore. Il scrute l'horizon à n'en plus finir. Il fait nuit. C'est son tour de veille dans la hune ce soir. Il est à bout de forces. Surtout ne pas s'endormir... Au fond de lui, il n'y croit plus vraiment.. Devant, derrière, tout autour d'eux, il n'y a rien d'autre que l'immensité bleutée, le craquement de la coque et du grément sur les vagues, et la complainte du vent dans les voiles.

Rodrigo de Triana. Simple matelot embarqué sur un des mythiques trois-mâts. Ce qu'il aperçoit cette nuit-là changera l'Histoire... et la géographie du monde.


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Journal de bord de Christophe Colomb.
« 9 septembre 1492. A trois heures, le vent de nord-est se lève et je prends la route vers l’ouest. Nous perdons complètement de vue la terre. Craignant de ne pas la revoir de longtemps, beaucoup soupirent et pleurent. Je les réconforte tous avec de grandes promesses de maintes terres et richesses, afin qu’ils conservent espoir et perdent la peur qu’ils ont d’un si long chemin.

24 septembre. Un albatros vient au navire et on voit beaucoup de pétrels. Mais les indices de terre se révèlent vains. Plus les jours passent, plus la peur des marins grandit ainsi que les occasions de murmurer. Nous avons parcouru quatre cent cinquante lieues. Je décide d’en compter moins que nous n’en faisons, afin que ses gens n’en soient ni effrayés, ni découragés…

10 octobre. Les hommes n’en peuvent plus et se plaignent de la longueur du voyage. Je les réconforte en leur rappelant les profits qui les attendent. J’ajoute qu’il est vain de se plaindre car j’entends poursuivre jusqu’à ce que j’aie trouvé les Indes.

Jeudi 11 octobre – Grosse mer. Un roseau vert flotte près de la caravelle. L’équipage de la Niña voit un petit bâton couvert d’épines à fleurs ; tous les esprits en sont réjouis […].

12 octobre. - La Pinta, le meilleur voilier des trois, est en tête. La terre apparaît à deux heures du matin. C’est le marin Rodrigo de Triana qui la voit le premier. Quelques heures plus tard, je débarque dans une île. Je déploie la bannière royale […]. »


Ce récit, je l'ai lu et relu dix fois, il me fascine. Les navigateurs et grands voyageurs de l'époque me subjugent. Leurs prouesses me semblent irréelles au vu des distances parcourues avec les moyens du bord (permettez moi l'expression...) de l'époque: des cartes et sciences d''orientation approximatives, l'inconfort et le péril des navires, les tempêtes et fortunes de mer, le risque de famine ou de maladie. Les marins d'antan ont dû en avoir du courage et de l'audace pour se lancer dans de telles aventures, où souvent la vie à bord n'était faite que de privations et dur labeur. J'ai eu l'occasion de visiter une réplique de la Santa Maria au port de Barcelone, il y de cela juste trente ans, et ce souvenir m'a marquée. Même si les caravelles de l'époque étaient solides (et surtout très lentes), il fallait tout de même le faire... Le capitaine génois avait estimé la distance à parcourir à environ 750 lieues (environ 4.000 km), ce qui était un pari totalement fou à l'époque.

L'anecdote raconte que Colomb avait obtenu de ses mécènes l'obtention d'une récompense sous forme d'une rente annuelle de 10.000 deniers d'argent, à quiconque apercevrait la terre en premier. Il s'agissait là d'une manoeuvre habile, visant à éviter une mutinerie. Risque bien réel vu la longueur de voyage et l'incertitude de trouver les contrées espérées dans des délais viables pour l'équipage. Investissement rusé des monarques d'Aragon et de Castille: au cas où l'entreprise de Colomb échouerait, aucune récompense ne serait due et dans le cas contraire, la découverte du marin italien ferait des souverains espagnols probablement les rois les plus puissants d'Europe.

En aperçevant le premier la terre cette nuit-là, notre ami Rodrigo pensa devenir riche pour le restant de ses jours! Mais, c'était sans compter sur l'ambition et l'habileté de son commandant de bord... Colomb, en effet, remercia le matelot de sa découverte, mais argumenta qu'il avait en réalité remarqué lui-même, le soir d'avant, une lueur étrange qui devait être une île. Opportun d'être capitaine, n'est-ce pas... La récompense sonnante et trébuchante passa ainsi tout simplement sous le nez de notre infortuné Rodrigo, qui du se contenter d'une reconnaissance purement verbale...

Et le nom de Rodrigo de Triana retomba dans l'oubli, jusqu'au jour où quelques villes d'Espagne lui accordèrent belle mémoire dans leurs noms de rues ainsi qu' une statue commémorative à Séville.
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"Pour ce qui est des limites de l'infranchissable Océan, non seulement personne n'a entrepris de les décrire, mais encore il n'a été donné à aucun mortel de les dépasser..." (Le célèbre historien Jordanès, 1492)

Voilà pour Rodrigo... Et comme le sujet du voyage de Colomb est vaste, nous reparlerons un peu plus de ce très beau périple dans un des prochains billets.
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